DE NOTRE CORRESPONDANT
INSTALLÉ au centre de Strasbourg, le laboratoire dirigé par une pharmacienne biologiste, Viviane Schaller, dispose d’un mois pour corriger les douze points qui ont justifié sa suspension par le directeur de l’ARS, Laurent Habert, à l’issue d’une inspection diligentée sur place par ses services. Celui-ci a notamment mis en cause « l’interprétation très personnelle faite par le laboratoire des tests de la maladie de Lyme », le dépistage de cette affection étant devenu d’après lui « la spécialité autoproclamée » de Mme Schaller.
Il relève aussi le « non-respect des bonnes pratiques de laboratoire » et plusieurs autres insuffisances, portant sur l’agencement du laboratoire, la maintenance des équipements, la validité des dispositifs médicaux, le stockage ou les déchets. « S’il n’y avait eu qu’un ou deux manquements, nous aurions juste exigé leur correction, mais là, il y en avait tellement que la suspension était inévitable », poursuit Laurent Habert.
Pour le Pr Daniel Christmann, chef du service des maladies infectieuses et tropicales du CHU de Strasbourg, et ancien président de la conférence de consensus sur la maladie de Lyme, cette suspension est l’aboutissement logique d’une situation qu’il a observée depuis longtemps en ville et à l’hôpital. « Le laboratoire multiplie les faux négatifs et les faux positifs, et l’on retrouve ensuite des patients soit traités à tort, soit non traités, à cause de sérologies mal faites », explique-t-il. Il précise qu’il ne met pas en cause les tests utilisés, provenant d’Allemagne, mais la manière dont ils sont exploités : « si vous allez dans ce laboratoire, vous êtes quasiment sûr d’en ressortir avec un diagnostic de Lyme, ce n’est pas sérieux », souligne-t-il.
Santé en jeu.
Pour Mme Schaller, qui s’est exprimée dans la presse régionale au début de l’affaire, les autorités sanitaires lui font « payer » le fait d’utiliser des tests différents de ceux préconisés par les textes officiels.
Bernard Christophe, pharmacien directeur d’un laboratoire d’aromathérapie, Nutrivital, a subi pour sa part les foudres de l’AFSSAPS qui a fait interdire un de ses produits, à base d’huiles essentielles, destiné à lutter contre la maladie de Lyme. Pour lui, « les techniques de Mme Schaller, de même que d’autres méthodes naturelles, sont parfaitement légales dans le reste de l’Europe mais interdites en France pour des raisons politiques et commerciales ». Il assure que les insuffisances françaises face à la maladie de Lyme et à d’autres maladies parasitaires déboucheront sur « le prochain scandale sanitaire français ».
Le laboratoire fait l’objet du soutien de nombreux patients, notamment par le biais de sites Internet mobilisés pour sa réouverture. Un appui qui n’impressionne guère les avocats de la réglementation officielle. Pour le Pr Christmann, « on ne peut pas faire n’importe quoi quand c’est la santé des patients qui est en jeu ».
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