Inégalités d'accès aux soins entre communes

Le recours à l'hôpital significativement plus faible dans les territoires ruraux

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Publié le 18/12/2020
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Selon une étude pour l'Association des maires ruraux de France, les habitants de leurs territoires consomment 20 % de soins hospitaliers de moins qu'en ville, à profil égal.

Les difficultés d'accès aux soins dans les zones rurales ne concernent pas uniquement les professionnels libéraux. Une étude commandée par l'Association des maires ruraux de France (AMRF) met en lumière l'inégalité devant les soins hospitaliers entre les habitants de leurs communes et ceux des villes.

À partir des chiffres du programme de médicalisation des systèmes d'information (PMSI) sur l'activité en médecine, chirurgie et obstétrique (MCO) en 2019 et des statistiques de l'INSEE, l'auteur de l'étude, le chercheur et professeur des Universités Emmanuel Vigneron, a établi le volume des soins dispensés en fonction du type de territoire. Il retient quatre catégories de communes en fonction de leur démographie : très peu dense, peu dense, intermédiaire et dense. Les deux premières catégories relèvent du monde rural, représentent 90 % de la superficie de la France et un tiers de la population totale. Les autres composent le monde urbain.

Résultat : « une incontestable sous-hospitalisation en milieu rural », écrit l'AMRF. À âge et sexe égal, le recours aux soins hospitaliers est 20 % moins important dans les territoires ruraux que dans les villes. Dans les zones classées « très peu denses », la sous-consommation atteint même 31 % pour les séances (chimiothérapie et dialyse essentiellement). « Sauf exceptions, les zones de forte consommation de soins hospitaliers correspondent aux zones urbaines et aux couloirs de circulation les reliant », indique l'étude.

Égalité républicaine

Plusieurs facteurs permettent d'expliquer ces fortes disparités. Sans surprise, l'absence de médecin traitant apparaît comme un élément déterminant. « Là où il n'y a pas de médecins libéraux qui dépistent et adressent le patient à l'hôpital, moins de patients vont à l'hôpital », analyse l'étude.

L'éloignement des centres hospitaliers est aussi fortement pointé du doigt. « Les habitants ont recours à l'hôpital de manière très contrastée en fonction de leur lieu d'habitation, ce qui est, sinon inattendu, mais totalement anormal dans un pays qui fait de l'accès de tous aux soins la base des principes de l'égalité républicaine », fait remarquer l'auteur de l'étude.

Sur ces bases, les maires ruraux fustigent le « dogme centralisateur » de l'État à l'heure où la crise a révélé l'importance des réponses locales. Pour ces édiles, les inégalités font aussi écho aux observations plus qualitatives de la Cour des Comptes sur les groupements hospitaliers de territoire (GHT), « dont l’absence d’évaluation rend urgente la nécessité d’en revoir la gouvernance ».

Martin Dumas Primbault

Source : Le Quotidien du médecin