Hasard du calendrier, mercredi 15 novembre, Anne Costa, actuelle directrice du CHU de Poitiers, et Nicolas Best, ex-directeur du CHU de Nîmes, étaient au tribunal judiciaire de Paris pour deux affaires distinctes. Ils n'ont pas bénéficié du même soutien de leurs pairs.
Deux salles, deux ambiances au tribunal judiciaire de Paris. Mercredi 15 novembre, Anne Costa, actuelle directrice du CHU de Poitiers, est condamnée en première instance – elle a annoncé faire appel - pour « harcèlement moral » après le suicide du Pr Jean-Louis Mégnien, professeur de cardiologie à l'Hôpital européen Georges-Pompidou (AP-HP) qu'elle dirigeait au moment des faits, en 2015.
Dans le même temps, à deux étages de là, Nicolas Best, directeur général du CHU de Nîmes, comparaissait pour favoritisme dans une affaire immobilière liée au centre hospitalier d'Annecy qu'il a dirigé de 2015 à 2018.
Condamnée en première instance, Anne Costa est à ce jour toujours en poste. Soupçonné et à 10 mois de la reprise de son procès, Nicolas Best est débarqué le jour même par décret présidentiel « dans l'intérêt du service ».
Nommés en détachement, les directeurs de CHU sont révocables à tout moment, et à discrétion de la plus haute autorité, sans autre forme de procès. Fermez le ban !
Deux poids, deux mesures ?
Vu de l'extérieur, flotte tout de même une impression de deux poids, deux mesures, renforcée par l'attitude de la conférence des directeurs généraux de CHU. Le jour même, l'association s'est fendue d'un communiqué pour apporter « tout son soutien » à Anne Costa qui « peut se prévaloir de 33 ans d’une carrière exemplaire qui démontre son engagement au service des valeurs du service public et celles de l’hôpital public ». En revanche, aucune communication directe n'a été éditée sur le cas Best. Interrogé sur les raisons de ce silence, le président de la conférence des DG, Philippe El Saïr, directeur général du CHU de Nantes, n'a pas souhaité répondre au Quotidien.
Une différence de traitement qui interroge jusque dans la communauté des directeurs. « Vous n'êtes pas seul à vous poser cette question. Il y a une position collective qui peut différer des opinions individuelles », confie, mal à l'aise, un directeur de CHU. « Ce que vit Best, personne d'entre nous ne souhaite le vivre. Cela nous rappelle à cette clause de notre contrat qui stipule que tout peut s'arrêter du jour au lendemain. Peut-être y aura-t-il à nouveau un débat pour réagir à nouveau car dans son cas, tout a été soudain alors que pour Anne Costa, les choses avaient pu être préparées », avance un autre directeur d'hôpital.
À défaut de celui de ses pairs, Nicolas Best peut compter sur le réconfort de la communauté médicale nîmoise. Plus de 150 médecins du CHU ont cosigné, mercredi 22 novembre, un communiqué de presse en soutien à leur ancien DG. Un soutien, là encore, « plein et entier ». Au risque de se fourvoyer si l'ancien DG venait finalement à être condamné ? « Nous soutenons l'homme et son action globale à Nîmes mais on ne se prononce pas sur le fond de l'affaire judiciaire, précise au Quotidien le Pr Michel Prudhomme, président de la CME locale. « Nous faisons confiance à la justice. On verra bien en août prochain. » De son côté, la CME du CHU de Poitiers n'a pas officiellement réagi à la condamnation de son actuel DG pour des faits remontant, il est vrai, à un temps antérieur à sa nomination. Deux salles d'attente, deux ambiances.
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