Nouveau CHU de Nantes : Jean Castex pose vendredi la première pierre d'un chantier pharaonique et emblématique

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Publié le 20/01/2022
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Crédit photo : DR

Deux mois après la présentation de la stratégie régionale en matière d'investissements hospitaliers pour les Pays de la Loire, Jean Castex se déplace ce vendredi à Nantes pour poser la première pierre de la reconstruction du nouveau CHU qui devrait être livré en 2027.

Pour le cabinet du Premier ministre, ce projet de grande envergure (220 000 m2, 10 hectares — soit l’équivalent de 14 terrains de football — 13 bâtiments, 1 430 lits) se veut exemplaire, même s'il suscite toujours des polémiques. C'est « la première manifestation concrète d’un chantier qui va s’ouvrir grâce à l’intervention de l’État dans le cadre du Ségur », plaide Matignon. 

Le gouvernement a débloqué une enveloppe conséquente de 400 millions d'euros, dont 175 au titre des investissements Ségur, pour financer cette opération dont le coût total s’élève à plus de 1,2 milliard. Le reste de la facture sera assumé par de l’autofinancement (400 millions d’euros) et l’emprunt. Ce projet représente donc « l’une, si ce n’est la plus grosse des opérations engagées dans le cadre du Ségur de la santé », s'enthousiasme le cabinet de Jean Castex, convaincu qu’il s’agit d’un projet modèle sur différents volets : attractivité, aménagement du territoire, recherche et innovation.

Site unique

Pour Jean-Jacques Coiplet, directeur général de l’ARS Pays de la Loire, la construction du CHU répond à plusieurs enjeux fondamentaux. Il permettra de « modifier radicalement l’organisation des activités pour renforcer l’efficacité dans la prise en charge du patient » mais aussi de développer l’ergonomie au travail pour améliorer les conditions d'exercice des professionnels. Le patron de l'ARS se félicite également de la « souplesse » des futurs bâtiments « adaptés aux nouvelles technologies et activités du futur ». Les activités hospitalières du CHU auront « un meilleur impact environnemental », puisque celui-ci consommera 30 % d’énergie en moins, souligne Jean-Jacques Coiplet.

Autre point fort affiché du projet : les activités du futur établissement seront regroupées sur le site unique de l'île de Nantes. Directeur général du CHU, Philippe El Saïr estime que le rapprochement des différentes activités était devenu « indispensable » sur le plan médical. Car, jusqu’à présent, « les 80 000 urgences prises en charge par le CHU de Nantes se réalisaient en centre-ville à l'Hôtel-Dieu », mais aussi dans des services dédiés à l’image de la cardiologie et de la neurologie qui se situent à l'autre bout de la ville, à l’hôpital Nord Laennec.

Un écosystème en santé pour soignants, chercheurs et industriels

Le projet sera aussi « le socle d’un quartier de la santé beaucoup plus vaste », poursuit Philippe El Saïr. Le CHU sera situé à proximité d’un pôle d’enseignement de 7 000 étudiants (filière paramédicale et médicale), de deux instituts de recherche et d’un nouveau pôle dédié à l’innovation en santé : la « Station S ». Pour le DG du CHU de Nantes, il s’agit donc d’un « projet assez unique en France » car cet écosystème exceptionnel offrira « une unité de lieu entre le soignant, l’enseignant-chercheur et l’entrepreneur ».

Et d’ajouter que la « vétusté criante » des bâtiments actuels (à peine 30 % de chambres à un seul lit, une seule douche par étage, urgences dans locaux borgnes, etc.) nécessitait une « modernisation » urgente. Les travaux à venir permettront donc de faire « saut considérable, à la fois pour les conditions de travail des professionnels et les conditions d’accueil des patients », se réjouit Philippe El Saïr. Le projet prévoit de passer à 90 % de chambres à un lit, tandis que le futur CHU fera « beaucoup plus de soins critiques » et aura « un très haut niveau de prise en charge ambulatoire (64 %) ».

« Nourrir l’intuition de la recherche »

Le CHU de Nantes gardera « une forte empreinte recherche », ajoute son directeur. Aujourd’hui, l'établissement dispose de dix unités labellisées Inserm-CNRS, d’un centre intégré de recherche en cancérologie en partenariat avec l'Institut de Cancérologie de l'Ouest (ICO) d’Angers et réalise « toutes les greffes possibles, à l’exception de celle du foie ». À l’avenir, les unités de recherche du CHU se répartiront dans les deux instituts de recherche du futur quartier hospitalo-universitaire. Les services de soins (clinique), la recherche clinique et les unités de recherche travailleront main dans la main.

Le directeur du CHU veut croire que cette collaboration étroite permettra de « nourrir l’intuition de la recherche en partant des besoins des patients », puisqu’il y aura« des allers-retours permanents entre les besoins des soignants, ce que la recherche clinique peut offrir, et ce que le chercheur peut imaginer pour améliorer la prise en charge du patient. »

Enfin, après les vives critiques initiales sur la diminution du nombre de lits, le capacitaire ne diminuera pas pour tenir compte de l’évolution démographique (la métropole de Nantes gagne plus de 9 000 habitants par an) et du vieillissement de la population. En juin dernier, le projet initial a été revu, avec 192 lits supplémentaires principalement tournés vers la prise en charge du vieillissement. Cette offre sera complétée par 100 lits de SSR à l’échelle de la métropole.


Source : lequotidiendumedecin.fr