Le lien entre la prise d’isotrétinoïne par voie orale et le risque suicidaire est débattu. L'étude de Sundström, publiée en 2010, avait mis en évidence une augmentation du risque de tentatives de suicides (TES), notamment lors des premiers mois de traitement. Toutefois, ce risque apparaissait déjà augmenté dans les mois précédant l’initiation du traitement, en partie du fait de l’acné. En effet, l’acné sévère peut être à l’origine de troubles dépressifs et touche souvent des adolescents, à une période de leur vie marquée par une transition émotionnelle et parfois aussi des maladies psychiatriques sévères débutantes.
450 000 personnes analysées
Afin de mieux évaluer le risque associé au traitement, une étude a été réalisée en France, à partir des données nationales de l’Assurance-maladie (SNIIRAM 2009-2016), qui couvrent 97 % de la population. Tous les patients, âgés de 10 à 50 ans et ayant eu au moins une délivrance d’isotrétinoïne au cours de cette période (soit près de 450 000 personnes) ont été inclus dans ce travail, qui a analysé le risque de TES (définie par une hospitalisation codée TES) par périodes de 2 mois, avant, pendant et après l’initiation du traitement. Ces données ont été comparées à celles rapportées dans la population générale, en tenant compte du sexe, de l’âge, de l’année et du mois (le traitement étant donné préférentiellement en automne et en hiver).
Au total, 4 533 TES chez 3 561 patients ont été observées dans la population ayant reçu l’anti-acnéique, soit un ratio moindre que dans la population générale. Des résultats comparables sont retrouvés dans l’analyse portant sur les TES recensées lors de la période considérée comme à risque, des 2 à 3 mois suivant l’initiation du traitement : comparativement aux sujets témoins, le risque de TES était réduit chez les patients traités : OR = 0,87 pour la période de 2 mois et pour celle de 3 mois après le début du traitement.
À l’opposé des résultats de l’étude de Sundström, ce travail ne retrouve donc pas de surrisque de TES à l’initiation du traitement, ni plus largement sous traitement par isotrétinoïne par rapport à la population générale.
« Compte tenu du nombre de données analysées et d’événements, cette étude est beaucoup plus puissante que l’étude suédoise de 2010, a souligné la Dr Catherine Droitcourt (Rennes). Ces résultats peuvent sans doute être expliqués par deux facteurs. La connaissance du risque par les dermatologues, qui tendent probablement à sélectionner leurs patients et à ne pas prescrire ce traitement chez ceux qu’ils considèrent à risque de faire une TES. Et une diminution du risque de TES lié à l’acné elle-même, du fait de l’efficacité thérapeutique du traitement ».
D’après la communication de la Dr Catherine Droitcourt, CHU, Rennes.
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