Reprise de la dette à l'hôpital : un « formidable levier » d'investissement, salue la FHF

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Publié le 15/01/2020

Crédit photo : S. Toubon

Un « vent d'espoir » a soufflé dans les hôpitaux publics à l'annonce en novembre par le gouvernement de la reprise d'un tiers de la dette des hôpitaux (10 milliards d'euros sur trois ans), a expliqué ce mercredi 15 janvier la Fédération hospitalière de France (FHF). 

En 10 ans, le niveau d'investissement à l'hôpital a été divisé par deux et n'a jamais été aussi bas. « Le taux d'investissement d'un hôpital sain oscille autour de 4,5 %, précise Frédéric Valletoux, président de la FHF. C'est en moyenne le taux atteint par les hôpitaux publics mais dans le détail, beaucoup d'établissements ne dépassent pas la barre des 3 %, qui ne permet rien d'autre qu'un renouvellement des installations et matériels les plus simples. C'est pourquoi nous réclamons de longue date un plan de relance de l'investissement au gouvernement. »

À défaut, cette reprise partielle de la dette hospitalière fera-t-elle l'affaire ? Oui, veut croire Frédéric Valletoux, pour qui cette mesure pourrait se révéler « un formidable levier » pour aider les hôpitaux à sortir la tête de l'eau. 15 établissements concentrent à eux seuls 30 % de l'endettement total du secteur public hospitalier. 

Garde-fous

Prudence toutefois sur l'utilisation de cette manne. « Cette reprise de dette doit servir à investir, point. Les hôpitaux ne doivent pas l'utiliser pour payer les salaires ! », met en garde Frédéric Valletoux. 

Pour éviter les dérives, la ministre de la Santé a prévu d'exiger des « contreparties ». Les hôpitaux devront apporter des gages « sur des réorganisations internes et la pertinence des soins », indiquait Agnès Buzyn au « Quotidien » en novembre. « Une doctrine doit être construite d'ici au premier trimestre 2020. Nous étudierons la situation de chaque hôpital et nous ferons du sur-mesure », avait-elle ajouté. « L'État reprend dix milliards et assume qu'en réduisant les tarifs depuis dix ans, il a mis la tête sous l'eau des hôpitaux publics. Ce sera une bouffée d'oxygène énorme pour recruter, investir et monter des projets », assurait-elle encore. 

La FHF attend du gouvernement des critères d'organisation « objectifs » pour choisir les établissements bénéficiaires de cette reprise de dette. « Il s'agit de tenir compte du positionnement des établissements dans l'offre de soins, de leur patrimoine, de leur capacité à investir et de leur situation financière », précise la fédération. 

D'après le calendrier resserré du plan hôpital présenté lundi, le lancement de la reprise de la dette aura lieu au quatrième trimestre 2020. Frédéric Valletoux souhaite une mise en application « à l'automne » pour éviter un débord sur 2021. « La bureaucratie en santé m'inquiète, partage-t-il. Nous resterons donc vigilants pour que la machinerie administrative ne rende pas inopérante cette mesure. »

 


Source : lequotidiendumedecin.fr