Le géant hospitalier raconte sa success story

Pourquoi le CHU de Bordeaux est le meilleur hôpital de France

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Publié le 11/01/2018
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Crédit photo : SEBASTIEN TOUBON

« Le classement du "Point" est souvent critiqué, mais quand on en est lauréat, on se dit qu’il n’est pas si mal. »

Le Pr Jean-Luc Pellegrin, chef de service en médecine interne du CHU de Bordeaux et directeur du collège Santé de l’université, ne cache pas la fierté du géant hospitalier de Nouvelle-Aquitaine, élu pour la deuxième année consécutive meilleur hôpital de France par le magazine hebdomadaire national.  

Ce statut valait bien un débat, organisé en décembre à Bordeaux par France Bleu Gironde devant une assistance clairsemée. Objectif : lever un coin du voile sur ce CHU (Hôpital Pellegrin, hôpital Saint-André à Bordeaux et hôpital Haut-Lévêque à Pessac) qui accueille chaque année un million de patients, réalise 52 000 interventions et emploie 14 000 salariés dont 1 500 médecins.

Pour Philippe Vigouroux, les forces de l’établissement sont « l’environnement de recherche, le recrutement, le choix éthique des personnels, leur fidélité aux valeurs de laïcité et le désintéressement des médecins qui pourraient gagner le double en privé ». Le directeur général de l'hôpital bordelais estime que « le classement du "Point" est sans doute le plus solide, car il rassemble des données fiables ».

Médecins augmentés

Cette bonne fortune n'empêche pas le CHU de vivre les travers propres au secteur hospitalier. Le taux d'absentéisme des agents frôle les 8 %. Encouragée par les syndicats représentatifs, une partie du personnel était en grève fin 2017 pour contester le système de compensation des heures d’absence. « La grève concerne les agents travaillant 12 heures, précise Philippe Vigouroux. Au-delà de 7 heures, nous leur donnons 5 heures de récupération. Lors des absences justifiées (maladie), les syndicats demandent à bénéficier de cette compensation horaire. Nous ne sommes pas d’accord. Un arrêt de la cour administrative d’appel de Marseille semble leur donner raison, mais ce n’est pas aussi clair… Nous avons donc demandé l’arbitrage du ministère. » Version contestée par un syndicaliste dans la salle, vite ramené au silence par la sécurité.

Certains salariés estiment aussi que la direction les considère comme une variable d'ajustement budgétaire. Démenti de Philippe Vigouroux : « Il y a vingt ans, la part du personnel dans notre budget était de 70 %, elle est aujourd’hui de 58 %. Ce n'est pas à cause de la baisse des emplois mais de l’envol du coût des médicaments et dispositifs médicaux. En 2017, nous avons un solde positif de 57 emplois. »

« Nous raisonnons en santé, non en argent »

Autre point fort du CHU selon sa direction : le développement de l’ambulatoire. En chirurgie, il devrait passer de 32 % à 44 % d’ici 2020. On est certes loin des 70 % prônés par le ministère. La gouvernance rappelle que l'établissement se doit d'accueillir de nombreux patients lourds adressés par les établissements publics et privés du Sud-ouest. 

Parfois accusé d’obéir à une logique comptable, Philippe Vigouroux réplique : « Nos choix sont frontalement inverses. Par exemple, depuis 2015, nous pratiquons 250 thrombectomies par an qui permettent de sauver 70 % des cerveaux au lieu de 20 %. Cet acte, non coté par l'assurance-maladie, nous coûte un million d'euros par an. Nous raisonnons en santé, non en argent. »

Parmi la myriade de points de satisfaction, le CHU retient sa relation avec les usagers et l'intégration de 700 patients dans 75 programmes d’éducation thérapeutique… Quant à la qualité de la restauration (7 000 repas par jour), souvent première source de mécontentement, elle donne ici satisfaction à 71 % des patients. Vivement un classement gastronomique des CHU.

 

 

 

 

 

 

De notre correspondant Patrice Jayat

Source : Le Quotidien du médecin: 9630