Le parquet de Paris demande l'abandon des poursuites au bénéfice de l'Assistance publique-hôpitaux de Paris (AP-HP), mise en examen pour « homicide involontaire » après le décès en 2018 d'une patiente aux urgences, indique ce jeudi 24 octobre la magistrature du ministère public. « Par réquisitoire du 3 juillet 2024, le parquet a requis le non-lieu à l'issue de l'information judiciaire », estimant que « le lien de causalité entre d'éventuelles carences dans la prise en charge à l'hôpital » Lariboisière et « le décès n'était pas établi », a-t-il précisé.
Changement de position « paradoxal et ahurissant »
Pour mémoire, le parquet de Paris avait initialement, en décembre 2022, requis un procès pour homicide involontaire contre l'AP-HP, après le décès fin 2018 aux urgences de Lariboisière de Micheline Myrtil, patiente de 55 ans, retrouvée morte abandonnée sur un brancard. Le ministère public concluait alors que son décès était « survenu dans un contexte de défaut caractérisé de surveillance médicale et infirmière, dans un service dont il était connu que les locaux et les effectifs soignants étaient insuffisants par rapport aux besoins. (…) Si cette succession de dysfonctionnements n'a pas directement causé la mort de la patiente, elle n'a pas empêché le décès et y a contribué », affirmait-il alors. Pour l'avocat de la famille de la victime, Me Eddy Arneton, l'absence de prise en charge de la patiente a « annihilé les chances de survie » de Mme Myrtil, et le changement de position du parquet est « paradoxal et ahurissant ».
Sur un brancard « sans surveillance »
Il revient désormais au juge d'instruction d'ordonner ou non un procès pour homicide involontaire. Souffrant de céphalées et de douleurs aux mollets, Micheline Myrtil, née en Martinique en 1963, avait été déposée aux urgences de Lariboisière par les pompiers le 17 décembre 2018 en fin d'après-midi, puis reçue et orientée vers une salle d'attente. Appelée vers minuit sous une mauvaise identité ("Myatil" au lieu de "Myrtil"), la patiente n'a jamais répondu, puis a été considérée comme partie. Elle se trouvait en réalité sur un brancard, « sans surveillance » entre 1h et 6 heures du matin, heure à laquelle elle a été retrouvée morte. Micheline Myrtil n'a jamais vu de médecin. Un premier rapport d'autopsie avait établi que la patiente était morte « d'une défaillance respiratoire aiguë secondaire à un œdème pulmonaire ». Après ce décès, l’hôpital de Lariboisière avait annoncé des mesures de contrôle accrues des patients aux urgences. L'agence régionale de santé (ARS) avait aussi émis diverses recommandations, parmi lesquelles une augmentation des effectifs.
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