« C’est un retour en arrière, on avance vers davantage d’enfermement des patients, de pratiques sécuritaires et on semble ne pas tenir compte du tout des progrès réalisés en psychiatrie », déplore le Dr Rachel Bocher, présidente de l’INPH, lntersyndicat national des praticiens hospitaliers, auquel appartient le SPEP (Syndicat des psychiatres d’exercice public). On pourrait imaginer de développer l’hospitalisation de jour, de multiplier les formations, les alternatives à l’hospitalisation. C’est vraiment voir la psychiatrie par le petit bout de la lorgnette. Il va falloir changer nos pratiques. Mais garder plus de patients dans nos établissements alors qu’on a de moins en moins de lits, ce ne sera pas possible. On va finir par demander la levée de l’hospitalisation d’office pour ne gérer que des HDT (hospitalisation sur demande d’un tiers). On ne va vraiment pas dans le sens de l’ouverture sur la ville, qui est pourtant proclamée dans la loi HPST (Hôpital, patients, santé, territoires). »
L’IDEPP, Intersyndicale de défense de la psychiatrie publique, n’hésite pas à accuser la ministre de la Santé de « faire alliance avec le ministre de l’Intérieur contre les droits des usagers ». Avec cette circulaire, s’insurge l’intersyndicale, « toute personne hospitalisée d’office voit ainsi s’éloigner ses espoirs d’obtenir l’aménagement thérapeutique que constituent les sorties d’essai de la loi du 27 juin 1990 », puisqu’ « il appartient aux préfets de décider du maintien sur le seul critère du risque de troubles à l’ordre public. (...) Les hôpitaux psychiatriques ne sont plus destinés qu’à contenir toute agitation sociale potentielle. La psychiatrie sera systématiquement ramenée à la part de dramatisation et d’émotion que suscite la maladie mentale. » L’IDEPP déplore enfin que « l’ordre public se confonde avec des dispositions sanitaires devenues d’une telle rigidité que les sorties des hôpitaux psychiatriques, pour hypothétiques qu’elles étaient, deviennent inaccessibles (...). Les psychiatres des hôpitaux refusent de servir d’alibis à la rétention de personnes dont l’état de santé réclame la sortie. »
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