À Ajaccio, six médecins des urgences menacent de démissionner

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Publié le 07/01/2019

La crise couve aux urgences du centre hospitalier Notre-Dame de la Miséricorde d'Ajaccio (Corse-du-Sud). Pour protester contre la dégradation de leurs conditions de travail, six des dix médecins du service ont adressé, le 22 novembre dernier, une lettre de démission à leur direction et à l'agence régionale de santé (ARS) de Corse.

Dans leur courrier, les praticiens mettent en cause notamment le sous-effectif chronique de leur service, la pénurie de lits d'aval qui conduit certains patients à occuper des brancards dans les couloirs et l'épuisement collectif des équipes que cette situation entraîne.

Malgré leur « motivation », les urgentistes démissionnaires dénoncent des « conditions de travail qui ne sont plus acceptables » et exigent « un minimum de sécurité et de considération ». En attendant, et pour faire pression sur leur direction, ils se disent « dans l'obligation de remettre un préavis de démission collective ».

Une restructuration qui agace

Pour ces médecins, la goutte d'eau qui a fait déborder le vase a été l'annonce, par voie de presse, de la restructuration de leur service. La direction a en effet annoncé le 19 décembre au quotidien « Corse Matin » sa volonté fusionner le service d'accueil des urgences (SAU) avec le SAMU 2A. Une décision qui a provoqué l'ire des urgentistes, ces derniers y voyant une manière de ponctionner les forces vives de leur service déjà amputé par plusieurs arrêts (maladie et maternité).

« Nous nous sommes rendu compte au moment de remplir le tableau de décembre que nous ne pourrions être que deux médecins de garde au lieu de quatre sur une ligne de 24 heures », explique au « Quotidien » l'une des signataires du courrier. « Nous travaillons déjà en flux tendu et se rajoutent des départs, ce n'est plus tenable ! »

Cinq nouveaux postes

Consciente des conséquences dramatiques qu'engendrerait une telle vague de démissions, la direction a réagi rapidement en ayant recours à l'intérim et en ouvrant des négociations. Mais après deux premières réunions infructueuses, le compte n'y est toujours pas. « Nous voulons des recrutementsau moins cinq nouveaux postes de médecins, c'est la condition pour que nous n'allions pas jusqu'au bout »,  tance l'urgentiste corse. 

« Depuis l'annonce de notre démission il y a eu un électrochoc, la direction a pris conscience du malaise et la population aussi », poursuit la praticienne de 58 ans. En effet, une association de défense des droits des usagers, A Salvia, s'est saisie de l'affaire en interpellant par communiqué la direction de l'hôpital et l'ARS. « Nous avions à cœur de montrer aux médecins notre solidarité », explique sa présidente Danièle Franceschi.

« Le départ de ces médecins aura des conséquences graves sur la sécurité des patients », alerte l'association qui réclame la concrétisation de « promesses de la direction qui remontent à plus de six mois » comme l'embauche de nouveaux médecins, l'ouverture de lits et la création d'une maison médicale de garde pour désengorger les urgences.

Une nouvelle réunion était prévue ce lundi dans l'après-midi. La direction a jusqu'au 22 janvier pour convaincre les médecins de rester, date à laquelle prendra fin leur préavis de démission.


Source : lequotidiendumedecin.fr