Face au « sous-dimensionnement des urgences » du CHU de Strasbourg, le député Emmanuel Fernandes en appelle à Aurélien Rousseau

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Publié le 27/10/2023
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Malgré plusieurs alertes, rien n’a été entrepris pour « résoudre structurellement le sous-dimensionnement des urgences des hôpitaux universitaires de Strasbourg (HUS) », estime Emmanuel Fernandes, député LFI du Bas-Rhin. Dans un courrier adressé le 26 octobre à Aurélien Rousseau, il demande au ministre de la Santé de diligenter une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas). Objectif : analyser et rendre public « les graves manquements de dimensionnement » des services des urgences des hôpitaux de Strasbourg et du Samu du Bas-Rhin.

Depuis de nombreuses années, les services des urgences des HUS subissent « un déficit chronique » de lits, que cela soit sur le site du Nouvel hôpital civil (NHC) ou de Hautepierre, explique le courrier. Leur capacité d’accueil est tellement surchargée que les patients doivent attendre une première prise en charge « à même les places de stationnement, dans les ambulances, reconverties en salle d’attente », observe le député. Celui-ci déplore également des « conditions d’attente interminable » (jusqu’à plusieurs dizaines d’heures) susceptibles de « mettre gravement en danger » les patients.

22 heures sur un brancard

Deux enquêtes judiciaires ont été ouvertes pour faire la lumière sur deux décès intervenus l’année dernière. En mars 2022, un patient est décédé aux urgences de Strasbourg. Souffrant d’une hémorragie digestive, il avait attendu une douzaine d'heures avant d'être pris en charge. Six mois plus tard,  un patient de 81 ans est mort à son tour, après avoir passé 22 heures sur un brancard. Dans les deux cas, « le délai de prise en charge est mis en cause », précise le député qui craint que « d’autres drames ne se reproduisent ».

À la suite du deuxième décès, l’antenne FO des HUS avait déjà demandé, sans succès, une enquête de l’Igas. Dans un courrier adressé à François Braun, elle alertait sur « la récurrence de la dégradation des prises en charge et du fonctionnement délétère des urgences ».

« Immobilisme » de la direction

Un an plus tard, Emmanuel Fernandes dénonce « l’immobilisme » de la direction des HUS. Suite à un mouvement social d’ampleur, un protocole d’accord avait pourtant été signé le 10 juillet 2019 avec la direction générale. Mais les engagements pris par la direction « n’ont pas produit leurs effets », regrette le député qui alerte sur un plan d’économie de 5 millions d’euros, des suppressions de postes et des fermetures de lits.

Celui-ci exige donc le regard extérieur de l’Igas pour mener une évaluation « précise et impartiale » des services des urgences. Des recommandations qui permettraient « une amélioration des conditions de travail des soignants et par là même, une meilleure prise en charge des patientes et patients », conclut le député.


Source : lequotidiendumedecin.fr