Une thèse en économie de la santé

Le parcours de soin des infarctus du myocarde n’est pas optimal

Publié le 11/01/2010
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Crédit photo : S Toubon

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LA THÈSE de Christine Roullière Le Lidec comporte deux aspects : économique et médical. Le Pr Nicolas Danchin (HEGP, Paris), qui a participé au travail, commente les aspects médicaux de cette étude, qui a été réalisée sur la population du registre Français FAST-MY (avec la Société Française de Cardiologie), incluant 60 % de l’ensemble des centres français. C’est la première fois qu’une évaluation médico-économique est réalisée pour une stratégie de santé et en préhospitalier.

« On a étudié le parcours de soins des patients ayant un syndrome coronarien aigu sus-ST (infarctus du myocarde typique), pour qui l’enjeu médical est de pratiquer une reperfusion de l’artère coronaire le plus rapidement possible », indique le spécialiste. La solution optimale est que les patients soient vus et diagnostiqués dans les 6 premières heures, où l’on a les meilleures chances de déboucher efficacement l’artère coronaire. De ce fait, le circuit idéal recommandé par les experts consiste à appeler en premier lieu le 15, qui envoie une ambulance médicalisée. Les intervenants du SAMU décident de la stratégie en fonction des délais. Ils sont de 90 à 120 minutes à partir du diagnostic pour reperméabiliser et sauver du myocarde. Les intervenants vont donc, selon les cas, pratiquer une fibrinolyse dans l’ambulance ou emmener le patient dans une USIC pour une coronarographie puis une angioplastie.

L’étude montre que plus les malades ont un profil de risque grave, moins ils sont pris en charge selon les bonnes recommandations de la pratique. En particulier, le facteur pronostique dont l’influence est la plus déterminante est l’âge. Or, il apparaît que les patients les plus âgés ont la prise en charge la moins adaptée selon la théorie.

Influence délétère de l’âge.

Globalement, l’influence délétère de l’âge est nette après 75 ans, où la mortalité associée à l’infarctus du myocarde augmente de façon très importante pour différentes raisons, comme une comorbidité ou l’existence de traitements empêchant de faire la thrombolyse. On remarque chez les patients âgés un retard d’appel à la recherche d’un secours médical, les symptômes peuvent être plus atypiques, ou peut-être aussi les personnes âgées sont-elles plus courageuses devant la douleur, commente le Pr Danchin. Ensuite, les structures appelées ne sont pas forcément celles du circuit optimal. Ainsi, le premier intervenant appelé au téléphone peut être le médecin généraliste. S’il recommande d’appeler le SAMU, il n’y aura pas de retard. En revanche, s’il propose de passer voir son patient, on multiplie par 2 ou 3 le délai avant reperméabilisation. Si c’est le cardiologue qui est appelé en première instance, le délai est encore plus long, multiplié par 5 ou 6 (prise d’appel par le secrétariat, délai avant que le spécialiste évalue, etc.). Enfin, il faut éviter de passer par les urgences hospitalières, souligne le Pr Danchin.

« L’information indiquant quel est le bon réflexe à avoir (appeler le 15) doit être diffusée à tous niveaux, y compris auprès des médecins », souligne le Pr Danchin.

La thèse a été présentée sur un poster au Congrès de la Société Française de Santé Publique.

Dr BÉATRICE VUAILLE

Source : Le Quotidien du Médecin: 8683