Depuis sa grande réforme systémique engagée en 2007, le système de santé danois attise la curiosité de ses voisins européens. En France, c'est son dispositif de régulation des urgences qui suscite chez certains la convoitise.
À l'heure où Agnès Buzyn travaille à l'instauration d'un service d'accès aux soins (SAS) pour tenter d'enrayer la croissance exponentielle du flux de patients aux urgences (21,4 millions en 2017), la région de Copenhague a fait le choix depuis 2014 de filtrer drastiquement les entrées en amont.
Le choix du numéro unique
Sauf urgence vitale, les usagers sont tenus avant de se présenter à l'hôpital d'appeler un numéro unique, le 18 13. Au bout du fil ? Des infirmières et des médecins chargés d'orienter au mieux les appelants en fonction de la gravité de la situation et de l'organisation locale des soins. Ils peuvent au choix prodiguer des conseils par téléphone, fixer un rendez-vous avec un professionnel libéral ou envoyer une ambulance. Grâce à un système d'information interconnecté entre la ville et l'hôpital, les régulateurs ont accès aux taux de remplissage des services d'urgences les plus proches et au planning des généralistes de la région.
Cette réforme a permis en quatre ans de diminuer de 25 % l'afflux de patients aux urgences tout en faisant progresser de 11 % l'activité des généralistes. Un résultat à faire pâlir de jalousie l'Hexagone.
Anne Jastrup, directrice de deux grands hôpitaux de Copenhague, attribue cette réussite à « l'esprit d'entrepreneur local et la liberté de gestion » des établissements de la monarchie. Selon elle, « si on veut réussir en santé, il faut se concentrer sur l'innovation organisationnelle » et donc bousculer les « habitudes et les cultures » professionnelles.
Le succès du modèle danois réside donc dans sa faculté à surmonter le « conservatisme des médecins et des infirmières », analyse Anne Jastrup. Mais ce n'est pas tout : « Au Danemark, les patients sont considérés comme une ressource que l'on sollicite à chaque nouveauté organisationnelle. Ils sont au cœur de l'hôpital que nous construisons », assure la directrice. Une approche intéressante pour la France en train de consolider son propre virage ambulatoire.
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