Les hôpitaux français ne sont pas les seuls à subir la violence verbale et physique de certains patients et de leurs proches. En Australie aussi, le phénomène a pris une ampleur inquiétante. Agressions physiques, attitude menaçante, harcèlement… l’hôpital de Melbourne (Royal Melbourne Hospital, RMH), déplore près de 7 500 incidents rien qu’en 2017, un chiffre qui a quadruplé en quatre ans. Dans neuf de ces incidents, des armes ont été utilisées pour menacer le personnel, selon la télévision australienne.
Pour sensibiliser le grand public à ce problème, l’établissement et le personnel du service des urgences, très exposé, ont opté pour une formule choc : montrer en vidéo, de manière crue, les scènes de violence auxquelles ils ont été confrontés. On y voit des visiteurs, filmés par des caméras de surveillance, s’en prendre au personnel, leur jeter une chaise, s’attaquer à une porte à coups de mobilier…
Le clip est diffusé dans les salles d’attente des urgences et sur les réseaux sociaux. « On espère que cela aura un effet positif sur les gens qui l’auront vu », confie dans un communiqué Susan Harding, responsable du service infirmiers des urgences.
« Nous comprenons qu’une attente prolongée à l’hôpital peut être une source de stress. Mais tout acte de violence ou d’agression est inacceptable », rappelle la jeune femme dans ce petit film qui met également en scène le personnel de l’hôpital.
Sur Facebook, la vidéo a été visionnée près de 100 000 fois depuis le 25 février, et les internautes manifestent leur empathie. « La violence est inacceptable. Surtout lorsque des médecins et des infirmiers sacrifient leurs propres soirées, leurs week-ends, leurs pauses déjeuner pour prendre soin des patients », écrit l’un d’eux.
L’initiative de l’hôpital de Melbourne s’inscrit dans une plus vaste campagne orchestrée par les pouvoirs publics de l’Etat du Victoria, le second le plus peuplé d’Australie. Le gouvernement local estime que près de 95 % des personnels soignants ont été confrontés à des comportements agressifs ou violents. Depuis juin 2017, il met les bouchées doubles pour enrayer le phénomène.
Des caméras pour les soignants, des gilets de protection anti-couteau pour les agents de sécurité
Afin de sensibiliser le grand public, des clips et des affiches ont été diffusés dans les médias, télévision, radio, affichage… Les services hospitaliers sont progressivement équipés d’alarmes de sécurité, de systèmes de vidéosurveillance, de contrôle d’accès… Les salles d’attente améliorées pour mieux prévenir les débordements. Des tests sont menés pour équiper certains soignants de caméras portatives et les agents de sécurité de gilets renforcés contre les coups de couteau.
Certains établissements bénéficient également de nouvelles salles dédiées afin d’accueillir et de mieux contrôler les patients à risque, qui présenteraient un danger pour eux-mêmes ou pour les autres. Cela ne se fait pas sans moyens. Selon le gouvernement du Victoria, le budget alloué à la sécurité des hôpitaux sur son territoire a doublé depuis l’été dernier.
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