Julie Goutte : la médecine interne, plusieurs fois polyvalente

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Publié le 13/01/2023
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Après un internat de médecine interne au CHU de Saint-Étienne, le Dr Julie Goutte est devenue responsable de l’unité de médecine polyvalente de cet établissement. Une façon de se spécialiser dans l’éclectisme qui convient parfaitement à cette jeune praticienne.

Julie Goutte

Crédit photo : CHU-ID

Quand elle était lycéenne, Julie Goutte voulait être archéologue. Une conseillère d’orientation aux idées bien arrêtées lui a cependant fait valoir qu’il s’agissait d’une voie sans grands débouchés, et qu’avec ses bonnes notes en sciences, elle ferait mieux de choisir la médecine. Aussitôt dit, aussitôt fait, voilà cette Stéphanoise étudiante en médecine, animée par la volonté de se diriger vers la chirurgie. Mais c’était compter sans sa rencontre avec la médecine interne, qui eut lieu lors d’un stage de 3e année.

« J’ai vite compris que cette spécialité allait me permettre de faire une multitude de choses différentes, c’était une pluralité d’exercice que je trouvais passionnante, se souvient-elle. Il faut par ailleurs reconnaître qu’en discutant avec les internes de chirurgie, j’avais bien compris que leur activité était très intéressante, mais que leurs horaires et leurs conditions de travail étaient particulièrement difficiles. » En 2012, Julie se retrouve donc interne de médecine interne, toujours à Saint-Étienne.

Détour helvète

Il ne lui restait plus qu’à choisir parmi les diverses possibilités qu’ouvre cette riche spécialité. « Je suis assez rapidement tombée dans la médecine psychosomatique, qui est d’ailleurs actuellement mon activité de consultation, car le chef de service de médecine interne à Saint-Étienne a cette surspécialité-là, indique-t-elle. Comme j’avais aussi hésité à faire psychiatrie, cela me donnait la possibilité de prendre des patients qui avaient des troubles psychiatriques. » Mais la piste de la médecine psychosomatique allait, via un détour helvète, la conduire à une autre : celle de la médecine polyvalente.

« Je suis partie, dans le cadre de mon internat, un an aux Hôpitaux universitaires de Genève, dans un service de médecine interne et réhabilitation dont la cheffe de service, Anne-Françoise Allaz, avait beaucoup travaillé sur les troubles psychosomatiques, se souvient Julie Goutte. Et c’est là que j’ai découvert le modèle suisse de médecine polyvalente. » Un modèle que, de retour de Suisse, la jeune femme va tenter d’implanter à Saint-Étienne, puis dans toute la France : après un clinicat effectué dans le service de médecine interne du CHU, elle y a ouvert il y a un an l’unité de médecine polyvalente… Et elle est également secrétaire générale de la Société française de médecine polyvalente (SFMP).

Une médecine du challenge

Reste à définir, exactement, ce qu’est la médecine polyvalente. « C’est une question complexe, que nous essayons justement de clarifier au sein de la SFMP, sourit Julie. Ce qu’on peut dire, c’est que c’est une médecine hospitalière, qui peut être exercée dans un service à part entière ou au sein d’un autre service, et qui vise à une prise en charge globale de la personne. » Une définition qui, reconnaissons-le, nécessite que l’on donne des exemples. « Dans mon unité, par exemple, nous avons presque exclusivement des patients en post-urgence, mais il peut y avoir de la médecine polyvalente en chirurgie, en endocrinologie, en psychiatrie, en SSR…, pour gérer les problèmes spécifiques du service dans lequel est couché le malade. »

Ce qui est sûr, c’est que c’est un exercice que la jeune praticienne trouve tout à fait à son goût. « On n’est pas cantonné à un seul problème, c’est une pluralité de problématiques et c’est passionnant, s’enthousiasme-t-elle. On sort d’une chambre avec un patient qui a une pyélonéphrite, et dans la chambre suivante on a un AVC, puis une décompensation cardiaque, puis dans celle d’après une personne alcoolique… Donc si on aime se confronter à des challenges, avoir des journées toutes différentes, se poser des questions, c’est très stimulant ! »

Un remède contre la crise ?

Et pour ne rien gâcher, Julie Goutte estime avoir trouvé en la médecine polyvalente une occasion de se rendre particulièrement utile. « Dans notre système de santé, qui manque particulièrement de médecins dans toutes les spécialités, la médecine polyvalente se trouve en position d’aider à faire en sorte que les choses se passent le plus harmonieusement possible, argumente-t-elle. C’est une médecine du lien, nous sommes en permanence en contact avec les urgences, avec l’aval, etc. »

Reste que la Stéphanoise n’est pas naïve face à la situation que connaissent aujourd’hui les établissements. « Je suis extrêmement inquiète, et ce d’autant plus que nous ne sommes pas dans une crise ponctuelle, c’est l’environnement dans lequel nous allons évoluer durant les 10 à 15 prochaines années, et je ne vois pas de prise de conscience de la part des gouvernants, diagnostique-t-elle. C’est peut-être pour cela que j’ai ce côté hyperactif qui me conduit à m’impliquer dans la SFMP, mais aussi dans la CME de l’établissement, etc. Si je subissais passivement, je serais déprimée. »


Source : Le Quotidien du médecin