« L’extrême droite bafoue les droits humains fondamentaux » : jeunes médecins et internes se mobilisent

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Publié le 01/07/2024

Dans une tribune commune, l’Isnar-IMG et Reagjir, représentants respectifs des internes de médecine générale et des jeunes généralistes installés et remplaçants, s'élèvent publiquement contre l'extrême droite. Ils réaffirment leur opposition à un parti dont les valeurs « bafouent les droits humains fondamentaux ».

Crédit photo : BURGER/PHANIE

Face à la menace de l’extrême droite, aux portes du pouvoir, des syndicats représentatifs d’internes et de jeunes médecins généralistes montent au créneau. Dans une tribune collective publiée vendredi 28 juin, les internes de l’Isnar-IMG ainsi que les jeunes généralistes remplaçants et installés de Reagjjir, affirment publiquement leur opposition au RN. « Au travers de nos positions pour les droits des femmes et contre toutes les discriminations, notre attachement aux problématiques d’accès aux soins et d’écologie, nous perpétuons l'espérance d’un monde du soin et de la médecine fait de progrès, de solidarité et d’humanisme. Les valeurs soutenues par les organisations d’extrême droite bafouent les droits humains fondamentaux (…) Dans le contexte politique actuel, à l’heure même de choisir nos futur·es dirigeant·es, rappelons que [ces] droits humains fondamentaux sont indiscutables », écrivent-ils.

Le système de soin solidaire menacé

Pour la jeune génération médicale, les idées et thèses portées par le RN et ses alliés, dans le cadre de ces législatives, sont contraires aux droits des femmes, à l’accès égal et universel au système de santé ainsi qu’aux valeurs « solidaires et humanistes ».

Les deux organisations alertent en particulier sur la suppression de l’aide médicale d’État (AME) pour les étrangers sans papiers (que le RN veut limiter aux urgences vitales).

Pour les signataires, cette proposition remettrait gravement en cause l’accès aux soins pour tous et toutes, principe garanti dans le code de la santé publique. « [Cela constituerait] une quadruple faute. Une faute morale, déontologique, sanitaire et économique (…). Devrons-nous refuser de prendre en charge un·e patient·e sans couverture sociale, qui ne peut financer ses soins ? », s’indignent-ils.

L’accès à l’IVG en question

S’agissant de l’accès à l’IVG, l’Isnar-IMG et Reagjir s’inquiètent d’un « recul des droits des femmes ». Pour rappel, en mars, le RN s’était montré divisé sur le sujet au moment de l’inscription dans la Constitution du droit à l’avortement. Et en 2012, Marine Le Pen, alors candidate à la présidentielle, avait déclaré son intention de dérembourser les IVG pour éviter certains « avortements de confort ».

Par ailleurs, alors que « la survenue de violences sexistes et sexuelles en contexte de soin fait encore partie du quotidien de nombre de soignant·es et du parcours de soin de patient·es », les deux syndicats craignent que la lutte contre les violences sexistes et sexuelles (VSS) soit reléguée en cas de victoire du RN. « Toutes ces inégalités, si elles ne sont pas prises en charge, mettent en péril les droits déjà acquis, la santé et la vie des femmes », pointent les signataires.

Dans ce contexte, les deux organisations réitèrent leur positionnement clair. « L’Isnar-IMG et Reagjir dénoncent, condamnent et combattent toutes les discriminations quelles qu’elles soient. Nous refusons que celles-ci soient banalisées (…) Nous nous opposons aux politiques d’extrême droite, allant à l’encontre de nos valeurs solidaires et humanistes », résument-ils.

Les généralistes enseignants du CNGE et les doyens s’engagent aussi

Dans une lettre ouverte diffusée le 27 juin, le Collège national des généralistes enseignants (CNGE) a rappelé son attachement à « l’égalité des personnes, à l’universalité et à l’équité de l’accès aux soins pour toutes et tous ». « Les membres du bureau (…) tiennent à rappeler que notre mission s’exerce “dans le respect de la vie humaine, de la personne et de sa dignité”, au service “de toutes les personnes quelles que soient leur origine, leurs mœurs et leur situation de famille, leur appartenance ou leur non-appartenance à une ethnie, une nation ou une religion déterminée, leur handicap ou leur état de santé, leur réputation ou les sentiments que nous pouvons éprouver à leur égard”, conformément aux valeurs de notre profession, définies dans le code de déontologie médicale. »

Dans la même veine, la conférence des doyens des facultés de médecine et la conférence des directeurs généraux de CHU avaient, dans un communiqué du 24 juin, réaffirmé l’importance de respecter les « valeurs fondamentales d’humanité ». « Les CHU prennent en charge, sans aucune distinction, les patients de toute origine (…) et la mission d’enseignement repose depuis toujours sur l’accueil de nombreux étudiants, notamment étrangers (…) Ce principe doit impérativement demeurer pour assurer la formation de nos élèves mais aussi pour assurer le rayonnement pédagogique et scientifique du pays », écrivaient-ils.


Source : lequotidiendumedecin.fr