Alors que les futurs soignants présentent des risques anxieux et dépressifs supérieurs à la population générale, le confinement est évidemment loin d’avoir amélioré leur état de santé. Une équipe de recherche de l’Université Claude Bernard à Lyon a cherché à comprendre l’impact du printemps 2020 sur les 17 600 étudiants en santé de la faculté. Un questionnaire a ainsi été envoyé en avril 2020 aux étudiants en médecine, soins infirmiers, pharmacie ou encore dentaire de l’Université lyonnaise : 1 765 ont répondu, dont 54 % de futurs médecins.
Au total, près de 20 % des étudiants en santé lyonnais rapportaient des symptômes évocateurs d’un stress aigu, pendant le premier confinement – et la moitié de l’anxiété. 11 % présentaient même des symptômes dépressifs, plus intenses d’ailleurs chez les étudiants en pharmacie qu’en médecine. Les futurs dentistes déclaraient, pour leur part, le taux de stress le moins important.
Mais plus grave encore, les étudiants en santé sont 4,4 % à signaler avoir eu des idées suicidaires au printemps 2020, mais « seule une minorité d'entre eux, 6 au total, présentaient des envies suicidaires actives », souligne l’étude, dont les résultats sont publiés dans la revue « L'Encéphale ».
Volontariat protecteur
Si ces chiffres viennent simplement confirmer la littérature déjà existante sur l’état de santé mentale des soignants pendant la pandémie – en 2020 une méta-analyse espagnole avait, par exemple, signalé une prévalence de 28 % d'anxiété chez les étudiants en médecine au début de la pandémie – ils permettent néanmoins d’apporter des pistes protectrices de ces risques psychosociaux.
Aussi, et en contradiction avec l’hypothèse de départ des chercheurs, leurs résultats « suggèrent qu'être en première ligne pour lutter contre la pandémie de COVID-19 a pu représenter un facteur de protection en matière de santé mentale ». Les étudiants volontaires pendant la crise sanitaire – qui représentent 40 % des répondants – attestaient ainsi d'un meilleur état psychologique que les autres, notamment par rapport aux étudiants « réquisitionnés ».
Comment expliquer que la mobilisation des étudiants les protège, au moins un peu, contre l’anxiété, la dépression et le stress ? L’équipe lyonnaise propose quelques pistes de réponses : « Ceux qui étaient en première ligne ont peut-être bénéficié d'une accessibilité accrue à un soutien psychologique, formel et informel, à des liens sociaux avec d'autres travailleurs de la santé, mais aussi à davantage d'informations médicales de première main sur la pandémie. »
À l’inverse, les étudiants les plus jeunes, présentant des difficultés financières ou un état de stress pendant les examens étaient plus à même de déclarer un état psychologique dégradé pendant le confinement. Tout comme les femmes. Par ailleurs, « la peur de l'infection s'est notamment révélée être un déclencheur de problèmes de santé mentale lors de précédentes flambées infectieuses », précise l’étude. Enfin, sans surprise, l’isolement social est associé chez ces jeunes à une prévalence plus élevée des idées suicidaires.
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