Souffrance des soignants : 6 000 appels recensés sur la plateforme SPS en 2023, dont un tiers d'étudiants

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Publié le 25/03/2024
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La plateforme d’accompagnement psychologique et médical Soins aux professionnels de santé (SPS) a enregistré près de 30 000 appels depuis son lancement en 2016. Le numéro vert voit son activité en progression continue auprès des jeunes, avec une hausse de 85 % en trois ans.

Crédit photo : GARO/PHANIE

Le nombre d’appels émis par les professionnels de santé en souffrance vers le numéro vert (0 805 23 23 36) de la plateforme d'écoute Soins aux professionnels de la santé (SPS) ne faiblit pas. En 2023, l’association SPS a recensé 6 023 coups de fil sur son numéro gratuit anonyme, confidentiel et accessible 24 heures sur 24 et 7 jours sur 7.

Depuis 2016 et le lancement de ce dispositif d’accompagnement psychologique et médical, un total de 28 000 appels a été enregistré, note l’association, avec, depuis 2020, un niveau stable mais « très élevé » de 6 000 appels de demande à l’aide en moyenne par an.

67 % des appels ont fait l’objet d’une réorientation, notamment vers un psychologue en face-à-face pour plus d’un tiers des cas (36 %), vers le médecin traitant (9 %), vers le psychiatre (8 %), vers l’équipe pédagogique (5 %).

Plus de 2000 appels d’étudiants

Fait marquant, le nombre de coups de fil provenant d’étudiants a franchi le cap des 2 000 l’année dernière. Ce nombre dépasse, pour la première fois depuis 2020, celui des soignants (1 999). « Le numéro vert voit son activité en continuelle progression auprès des jeunes, avec une hausse de 85 % en trois ans », lit-on dans le bilan annuel de l’organisme.

Forte de son expertise auprès des professionnels de santé en souffrance, l’association avait, en décembre 2020, ouvert son dispositif à la population étudiante. Depuis, chaque étudiant qui sollicite ce numéro vert peut bénéficier d’un entretien avec un psychologue clinicien formé à l’écoute et à la réorientation et, en cas de besoin, vers une prise en charge médico-psychologique.

Selon le niveau de sévérité de l’appel, le jeune peut être orienté vers un psychologue, un médecin généraliste et/ou un psychiatre, membre du réseau national du risque psychosocial ou encore vers une cellule de crise suicide dans les situations d’urgence. Ce dispositif s’inscrit en complémentarité des services de santé universitaires, rappelle l’association.

Cinq appels de grande urgence

Dans la plupart des cas, les appels d’étudiants émanent d’Île-de-France, Occitanie, Auvergne Rhône-Alpes, Nouvelle-Aquitaine, Provence-Alpes-Côte d’Azur et Grand Est – avec respectivement 10 %, 9 %, 7 %, 7 % et 6 % des appels.

Parmi ces jeunes appelants, deux tiers sont des femmes âgées de 24 ans en moyenne. Les motifs de demande d’aide les plus courants concernent des problèmes relatifs à des situations personnelles (raisons familiales, problèmes de santé, etc.) ou sont liés au parcours de l’étudiant (difficultés associées au cursus, anxiété liée aux examens, problèmes pendant le stage ou le job étudiant).

La gravité des situations de détresse demeure variable. Selon l’association, près de 45 % des appels ont été classés en grade 1 « anxiété plus ou moins addiction », 25 % en grade 2 « dépression plus ou moins addiction » et 8 % en grade 3 « épuisement professionnel plus ou moins addiction ».

L’an passé, cinq appels ont concerné une situation d’urgence caractérisée par un risque de passage à l’acte imminent (grade 5). Ces appels ont été passés par des étudiants hors du secteur de la santé.

Malgré tout, les carabins ont trois fois plus de risques de mourir par suicide que le reste de la population à âge identique. Chaque année, entre dix et vingt médecins en formation se donnent la mort en France.

Aude Frapin

Source : lequotidiendumedecin.fr