Une fois n’est pas coutume, les réformes des différents cycles des études médicales n’auront laissé aucun répit aux médecins en devenir. Après une année 2023 déjà mouvementée, l’exercice 2024 a été riche en changements parfois mal anticipés, voire chaotiques.
Dès janvier, premier brouillage : le Conseil d'État donne raison au collectif PASS-L.AS 21, qui dénonçait les modalités « illégales » des nouveaux oraux de première année, perçus comme inégalitaires. L'exécutif doit alors revoir sa copie, contraint de publier en juin un décret correctif pour harmoniser ces épreuves décriées : leur pondération est fixée à 30 % sur tout le territoire, contre des taux variables pouvant atteindre jusqu’à 70 % dans certaines facultés auparavant. Ces disparités étaient sources de recours juridiques de la part de certains étudiants s’estimant « lésés ». Ce décret recadre aussi les compétences transversales exigées pour ces oraux.
Ces ajustements suffiront-ils à apaiser le mécontentement général autour de la réforme du premier cycle, qui s’est traduite par la suppression de la PACES et du numerus clausus ? Une réflexion beaucoup plus large sur les deux nouvelles voies d'accès – PASS et L.AS – semble incontournable pour évaluer si les objectifs initiaux de la réforme (amélioration de la réussite des étudiants, diversification des profils, passerelles dans les études, moindre bachotage) ont été atteints. Las, mi-décembre, un rapport de la Cour des comptes livre un verdict très critique de cette réforme de l’accès aux études de santé, la jugeant « complexe » et « coûteuse », ayant largement manqué ses objectifs, et plaidant en faveur d’un retour à une « voie unique d'accès ». Des critiques qui rejoignent en partie celles formulées dans la communauté universitaire.
Le défi logistique des Ecos
Les jeunes aspirants médecins n'ont pas été les seuls à affronter des difficultés en 2024.
L’année a été marquée par la concrétisation de la grande réforme de l’accès à l’internat qui inclut désormais une épreuve inédite de mise en situation : les examens cliniques objectifs et structurés (Ecos). Représentant 30 % de la note finale (contre 60 % pour les nouvelles épreuves dématérialisées nationales – EDN – et 10 % pour le parcours de formation), cette nouveauté a réclamé aux facultés une énorme organisation logistique, avec la nécessité de mobiliser des enseignants, du matériel et des patients standardisés. Les couacs survenus lors des Ecos « blancs » de mars ainsi que la grève des hospitalo-universitaires n'ont fait qu'accentuer les inquiétudes. Pour les futurs internes, ces péripéties ont souvent été source de stress, d’autant que certains étudiants ont vu leur rang de classement initial dégringoler à l’issue des résultats. Le nouvel algorithme de choix de subdivision a aussi éprouvé les couples de néo-internes, contraints d'abaisser leurs ambitions pour augmenter leurs chances d'être affecté dans la même ville.
Arlésienne
Enfin, le retard pris dans la publication des textes réglementaires concernant la 4ᵉ année d’internat de médecine générale, officialisée par le gouvernement il y a deux ans, a suscité l'exaspération des internes et des enseignants. Cette réforme, qui engage déjà deux promotions d'internes, laisse en suspens des questions majeures telles que la rémunération exacte pendant cette période, le statut de « docteur junior » en médecine générale et la convention type de stage. Face à ces incertitudes, l'Isnar-IMG, principal syndicat des internes de médecine générale, a demandé fin novembre un report de cette réforme jusqu’à ce qu’elle soit « prête à être appliquée » et que les étudiants « puissent choisir la médecine générale en toute connaissance de cause ».
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