Relancé en novembre par la ministre de la Santé et son pilote, l'Assurance-maladie, le Dossier médical partagé (DMP) doit devenir un compagnon des patients et des médecins. Son but est de faciliter le flux de l’information médicale entre professionnels de santé et patients. Cet outil doit permettre à terme une meilleure circulation de l'information et une coordination des soins au profit du malade.
Logiciel compatible
À ce jour, seuls 4 % des DMP ont été ouverts par des médecins, selon les données communiquées par l'Assurance-maladie. Le médecin traitant est pourtant un des pivots du dispositif et son logiciel de gestion doit être compatible avec l'interface DMP pour en créer. La dernière convention médicale a encouragé les médecins à adopter un logiciel « DMP compatible » en créant un indicateur dans le volet 1 du forfait structure.
Pour s’assurer d’une compatibilité adéquate, la CNAM invite les médecins ou professionnels de santé à se faire assister par DMP info service et/ou à vérifier selon la grille Windows et Mac (PDF) si leur matériel est à jour. Les dernières déclarations des médecins dans le cadre de la rémunération sur objectifs de santé publique (ROSP) et du forfait structure (organisation du cabinet), reportées au 10 février, ont montré qu'il restait du chemin à parcourir. À mi-janvier, 24 000 médecins, dont 11 000 généralistes, n'avaient pas validé le volet 1 du forfait structure à cause de cet indicateur « Disposer d'un logiciel métier avec LAP certifié HAS et compatible DMP ». Sa validation est pourtant nécessaire au déclenchement du volet 2 et cela pourrait les pénaliser.
L’évolution de tous les logiciels professionnels pour une utilisation fluide du DMP est donc une urgence. « L’arborescence du DMP a été fixée par la CNAM, par contre l’ergonomie d’accès entre le logiciel et le DMP change selon l’éditeur ; certains n’acceptant pas les fichiers PDF. Les manipulations sont très chronophages », rapporte le Dr Yannick Schmitt, président de REAGJIR, syndicat de jeunes généralistes installés et remplaçants.
Patient consentant
Une deuxième condition préalable à l'ouverture d'un DMP que le patient soit volontaire. Il garde donc un caractère facultatif et n’a aucune incidence sur les remboursements. Tout citoyen peut également créer son DMP chez lui, cela lui prendra une vingtaine de minutes.
L'ouverture d'un DMP et son alimentation prennent du temps au médecin, surtout quand il s’agit de dossiers de patients polypathologiques ou atteints de handicap. Car pour être utile, ce DMP ne doit pas être une juxtaposition de fichiers PDF ou de comptes rendus d’analyses biologiques. Pour l'exploiter au mieux, il est nécessaire d'organiser les informations, d'actualiser les données et d'utiliser le Volet de synthèse médicale (VSM) issu du logiciel de gestion pour accéder rapidement aux antécédents du patient. Une mise à jour régulière au moment des visites de renouvellement d’ordonnance doit être faite.
Lors de la relance du DMP en novembre 2018, le patron de la CSMF, le Dr Jean-Paul Ortiz, plaidait ainsi pour un coup de pouce financier alloué aux médecins : « Rédiger un volet de synthèse est chronophage. Nous devons négocier avec la CNAM une rémunération attractive ». Cette revendication n'est pas à l'ordre du jour pour le moment à la CNAM.
Contenu et accès
Le DMP se veut exhaustif. L'objectif est qu'à terme, il puisse contenir l’historique des soins de l’assurance maladie des 24 derniers mois (intégré automatiquement par l'Assurance maladie au DMP dans les jours suivant sa création), les antécédents médicaux, les résultats d’analyse et d’imagerie, les comptes rendus d’hospitalisation, les directives anticipées et bientôt le carnet de vaccination.
En dehors du patient, le médecin traitant peut accéder à l’ensemble des informations contenues dans le dossier. Le patient peut de son côté choisir quels professionnels de santé peuvent consulter le contenu du dossier. Il peut choisir de masquer certains documents et tous les professionnels de santé n'ont pas les mêmes droits d'accès. L'assurance maladie a développé une matrice d'habilitation pour déterminer qui peut voir quoi.
Le patient choisit par ailleurs s'il autorise l'accès à son DMP en cas d'urgence. À l’inverse, les médecins peuvent masquer provisoirement une information au patient, ce qui peut être utile lorsque celui-ci est dans l'attente d'une consultation d'annonce par exemple.
A. C.
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