Marianne Cinot, présidente de l'Isnar-IMG : « Il y a autant de médecines générales que de généralistes »

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Publié le 14/02/2020

Les internes interrogés dans ce dossier sont-ils l’exemple de la diversité de la médecine générale et la parfaite illustration du thème de votre congrès cette année : « Soignants demain, se construire au quotidien » ?

Marianne Cinot : Ils montrent parfaitement qu’il y a autant de médecines générales que de généralistes. À travers leurs engagements, chacun peut construire brique par brique et au quotidien un parcours qui lui ressemble et c’est aussi ce que nous avons à cœur de montrer aux étudiants. La médecine générale est une spécialité avec un panel énorme de sujets dont ils peuvent s’emparer et qui vont colorer leur formation et leur parcours professionnel.

La récente réforme du 3e cycle, qui offre une plus grande place aux stages en ambulatoire, permet-elle de diversifier encore plus les parcours ?

M. C. : C’est encourageant, mais nous trouvons malgré tout que la maquette définitive est encore un peu trop rigide. C’est pourquoi nous demandons notamment le retour du stage libre dans la maquette du DES de médecine générale, pour justement permettre aux internes de construire leur projet professionnel. L’offre de stages ambulatoires doit également augmenter. Certaines zones géographiques ont encore besoin de recruter davantage de maîtres de stage. Il faut notamment plusieurs praticiens par zone, subdivision, ce qui n’est pas toujours le cas partout. Car lorsque l’interne a plusieurs maîtres de stage, il peut aussi découvrir différentes façons d’exercer la médecine générale. L’objectif est que des internes puissent concrétiser leur projet professionnel via des stages.

Justement, votre récente enquête montre que les internes ont envie de s’installer et que les stages y contribuent. Mais sur le terrain, leurs aînés s’impatientent, se plaignant de ne pas voir arriver assez vite la relève. Que leur répondez-vous ?

M. C. : Le problème n’est pas la répartition des médecins mais leur nombre. En 2025, nous aurons perdu beaucoup de généralistes. Il n’y a pas de solution miracle pour demain mais un faisceau de solutions auxquelles il faut laisser leur chance. Les jeunes montrent qu’ils sont prêts à s’engager sur les territoires. Les générations qui vont arriver auront bénéficié de la réforme du 3e cycle avec davantage de stages ambulatoires. La prochaine refonte du 2e cycle va permettre aussi à tous les externes d’avoir un stage de découverte de la médecine générale. J'invite donc mes confrères à être confiants dans l'avenir.


Source : lequotidiendumedecin.fr