C’est un gros caillou dans la chaussure du dispositif des assistants médicaux, vendu par les pouvoirs publics comme un des principaux leviers d’action actuels pour regagner du temps médical.
Ce lundi, les partenaires sociaux de la branche des cabinets médicaux libéraux (qui comprennent la CSMF, la FMF, le SML, MG France et Avenir Spé avec la CFDT, l’Unsa et FO), au travers de leur commission paritaire nationale de l’emploi et de la formation professionnelle (CPNEFP), s’alarment de l’absence des crédits de formation prévus pour la relance de la formation des assistants médicaux.
Cette enveloppe, d’un montant « de cinq millions d’euros répartis sur deux ans », avait pourtant été actée par Agnès Firmin Le Bodo, alors ministre déléguée à la Santé, souligne le Dr Jean-Claude Soulary, président de la CPNEFP. Mais la convention nécessaire entre la Délégation générale à l’emploi et à la formation professionnelle (DGEFP) et l'opérateur de compétences des entreprises de proximité (OPCO-EP) a été mal rédigé, entraînant une panne de crédits disponibles. « Vous imaginez notre désagrément, alors que nous pensions finir l’année tranquillement et pouvoir maintenir le nombre d’assistants formés ! Nous nous retrouvons face à une enveloppe fictive », peste le Dr Soulary. Avec le risque de ne pas pouvoir tenir le rythme des formations indispensables pour ces auxiliaires médicaux…
Entre 3 000 et 3 500 nouveaux assistants formés en 2024
« Le vrai risque, c’est qu’on mette un coup de frein à la formation. Nous avons déjà dû prévenir les organismes de ne pas démarrer de session en novembre et décembre et de décaler de deux mois », confie le président de l’organisme paritaire, qui a déjà fait des efforts pour continuer d’assurer le contingent d’assistants médicaux formés. « Nous devrions osciller entre 3 000 et 3 500 assistants en cette fin d’année 2024 », estime le Dr Soulary.
Cette situation financière est d’autant plus dommageable que les partenaires sociaux s’étaient adaptés de leur côté aux enjeux d’une formation massive pour atteindre l’objectif de 10 000 assistants en 2025 : durée de formation réduite de 384 à 279 heures pour faciliter l’accès à la formation des candidats ; augmentation du nombre d’organismes de formation (de 12 à 31) pour assurer un meilleur maillage territorial ; optimisation des coûts, etc. Une mobilisation qui a soutenu la dynamique de formation et provoqué la consommation de la totalité des budgets avant la fin du premier trimestre 2024.
Appel au Premier ministre
« Même en mobilisant nos réserves financières, nous ne pourrons assurer la formation que de 600 à 800 nouveaux assistants pour 2025. On n’arrivera jamais à atteindre cet objectif de 10 000 », lâche déjà le Dr Jean-Claude Soulary. Ce dernier en appelle au Premier ministre afin qu’il prenne en considération cette « situation catastrophique » pour la montée en puissance des assistants médicaux, conformément aux engagements présidentiels. « Le gouvernement doit soutenir le financement de leur formation », réaffirme le généraliste, président de la commission paritaire, victime de fait d’une situation où « les ambitions ont été affichées avant qu’en soit vérifiée la faisabilité financière ».
Pour rappel, la nouvelle convention médicale a prévu de renforcer le dispositif d’aide à l’emploi d’un assistant médical avec notamment la revalorisation de l’aide de 5 % pour les médecins et l’assouplissement des objectifs et modalités de recrutement.
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