À quelques mois de l'ouverture des négociations conventionnelles qui doivent aboutir à la signature d'une nouvelle convention médicale, les syndicats représentatifs des médecins libéraux (l'UFML-S et SML exceptés) ont défini, lors d'une table ronde organisée au congrès de MG France, leurs grands objectifs.
Selon le Dr Agnès Giannotti, qui a été élue présidente de MG France deux jours plus tard, « il faudra que cette convention soit à la hauteur des besoins et des enjeux de santé de l'ensemble du système de soin ».
« C'est à nous de faire en sorte que la lettre de cadrage du gouvernement soit différente de toutes celles qui ont précédé. Nous devons être dans la proposition plutôt que la soumission », a plaidé dès le début le Dr Patrick Gasser, président d'Avenir Spé. « La médecine ne doit pas être une dépense mais un investissement », a renchéri le Dr Corinne Le Sauder, présidente de la FMF.
Une enveloppe à la hauteur des enjeux
Pour l'ensemble des représentants de médecins, la future convention doit donc être accompagnée d'une enveloppe budgétaire substantielle. « On sait bien qu'on n'aura jamais l'enveloppe espérée dès le début des négociations, a avancé le Agnès Dr Giannotti, lucide. Mais si l'enveloppe n'est pas suffisante, (...) les médecins ne tiendront pas le coup, ils vont déplaquer, les jeunes ne vont pas s'installer et le système de santé ne tiendra pas ! »
« L'OMS recommande de consacrer 1 % du PIB aux soins primaires. Nous en sommes à des années-lumière, a-t-elle regretté. Pour que le système de santé fonctionne, il faut un véritable Ségur de la ville doté de moyens ».
Comme ses homologues de la CSMF, de la FMF et d'Avenir-Spé, la praticienne a énuméré les principaux objectifs de la prochaine convention médicale. Et, à peu de chose près, l'ensemble des organisations syndicales se rejoignent : « meilleure attractivité de la profession », « construction d'une réponse aux besoins de santé sans toutefois alourdir la charge de travail des médecins », « prévention » et « simplification administrative » font partie de leurs priorités.
Des objectifs communs
Le directeur général de l'Assurance maladie, Thomas Fatôme, présent lors de cette table ronde, a concédé qu'il s'agirait d'une « convention très importante ». « Nous en partageons les enjeux », a-t-il assuré.
Côté accès aux soins, il a répondu aux appels du pied des organisations syndicales et a affirmé la nécessité de libérer du temps médical aux médecins « afin de leur donner davantage de capacité pour répondre aux besoins ». « Au vu du contexte démographique que nous connaissons, c'est notre principal objectif », a-t-il insisté avant de préciser : « Il faudra épauler les médecins traitants et construire avec eux et autour d'eux une vraie équipe composée d'assistants médicaux, d'IPA, et peut-être d'autres formes de coopération avec d'autres professionnels. En tout cas il faudra donner aux médecins les capacités de prendre en charge plus de patients qu'aujourd'hui. Cela ne veut pas dire travailler plus, nous mesurons évidemment déjà bien la charge qui existe mais cela veut dire leur donner des appuis pour y parvenir ».
Lors de son intervention, Thomas Fatôme a également évoqué la volonté de la Cnam de « soutenir les équipes de soins spécialisées (ESS) ». « Il faudra faire de ces ESS des points d'appui des médecins traitants pour pouvoir construire un véritable parcours de soins », a-t-il avancé.
Faire le bilan de l'avenant 9, notamment du SAS
Pour l'ensemble des partenaires conventionnels, la prochaine convention va aussi être l'occasion de rediscuter l'avenant 9 de l'actuelle convention, notamment les conditions du service d'accès aux soins (SAS) décriées par les médecins généralistes.
« Nous allons bien sûr devoir faire un bilan de ce qui a été mis dans l'avenant 9. Nous aurons sans doute aussi à intégrer les mesures qui seront prises prochainement pour aider les professionnels de santé à répondre aux demandes de soins pendant l'été (...). Mais pour le SAS cela ne fonctionnera que si nous avons un outil de régulation qui fonctionne », a appuyé Thomas Fatôme.
Enfin à la demande de la présidente de MG France, applaudie par la salle, de supprimer l'envoi des duplicatas papiers pour les feuilles de soins en mode dégradées (FSD), Thomas Fatôme a assuré que la Cnam simplifierait dans les prochains mois ce dispositif.
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