Concert de casseroles, vuvuzelas, huées et sifflements. Autant dire que l’heure et demie d’audition de la Dr R. n’aura pas été un long fleuve tranquille pour le médecin-conseil et la directrice de la Cpam de Vannes. 80 généralistes des Pays de Vannes et d’Auray avaient fait le déplacement, lundi, pour soutenir leur consœur (qui souhaite garder l’anonymat) convoquée par la caisse pour étudier à la loupe ses prescriptions d’arrêts de travail jugées trop importantes.
« Cette jeune généraliste s’est installée il n’y a pas très longtemps à une dizaine de kilomètres de Vannes. Elle a pris la succession d’une autre jeune collègue qui exerçait en association et qui a cessé son activité pour cause de burn-out », a expliqué l’un des défenseurs de la Dr R. durant l’audience, le Dr Didier Le Vaguerès, généraliste à Vannes.
La jeune praticienne a expliqué avoir été choquée par le fait de recevoir un coup de téléphone pour être « invitée » à cet entretien et s’entendre expliquer qu’il y avait une possibilité qu’elle soit mise sous objectif. Pourtant, selon le Dr Le Vaguerès, l’analyse des six dossiers d’arrêts longs par le médecin-conseil n’a montré absolument aucune anomalie ou déviance. « Malgré cela, au bout de 90 minutes, on n’a pas réussi à savoir si elle allait en définitive recevoir ou non sa mise sous objectif », peste le généraliste vannetais.
Collectifs de soutien réactivés
La Dr R. n’est évidemment pas la seule médecin à faire l’objet de convocations, de visites ou d’appels de la part de la caisse. À l’échelle nationale, l’Assurance-maladie a annoncé le mois dernier qu’elle lançait une campagne de contrôle des prescriptions atypiques d’IJ de la part des généralistes. Sur le territoire breton, « 18 sont déjà concernés, sans que l’on sache encore, en totalité, de qui il s’agit », développe le Dr Le Vaguerès, attentif à l’évolution de la situation.
Selon lui, ce contrôle accru aura réussi à réactiver, en Bretagne, un collectif de soutien jusqu’ici dormant. À son appel, 80 généralistes du Morbihan sont venus soutenir la Dr R. « Ça s’est réactivé aussi dans le Finistère et ça commence à repartir dans l’Ille-et-Vilaine. J’observe que ce sont beaucoup de médecins jeunes qui se manifestent alors que traditionnellement, on a toujours eu du mal à mobiliser la jeunesse », se réjouit Didier Le Vaguerès.
Il cite un autre exemple de l'arbitraire des contrôles. « Un des dossiers évoqués hier était une caricature. Une patiente avec un problème orthopédique doit voir un chirurgien, avec une demande d’examen complémentaire, en l’occurrence une IRM. Problème, elle ne peut l’obtenir avant un mois et demi. En attendant, son état justifie un arrêt de travail. Elle doit revoir le chirurgien, qui n’est pas libre avant deux mois… Bref, à l’arrivée, le médecin généraliste qui a prescrit les IJ risque d’écoper d’une MSO pour des raisons uniquement liées au contexte de difficulté d’accès aux soins et aux examens complémentaires du fait de la carence médicale généralisée ».
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