Politique de santé

De premiers échanges entre syndicats et Ségur jugés « constructifs »

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Publié le 02/09/2022
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Depuis mi-juillet, le ministre de la Santé, François Braun, rencontre, à tour de rôle, les représentants des syndicats de médecins libéraux. Les discussions portent essentiellement sur les retours de la mission flash, la grande « conférence des parties prenantes » de la santé, le PLFSS à venir et la prochaine convention. Tour d'horizon.

Crédit photo : GARO/ PHANIE

Une heure. C'est le temps qu'accorde, depuis mi-juillet, le ministre de la Santé et de la Prévention, François Braun, à chaque organisation syndicale de médecins libéraux. Et, dans un contexte particulièrement déterminant pour le système de soins français et les médecins, il a su se montrer « à l'écoute » et « bienveillant » pendant ses différentes rencontres, estiment les représentants syndicaux.

« Nous l'avons découvert absolument déterminé à faire évoluer notre système de santé. Il a clairement affiché son objectif de trouver des solutions pour répondre aux besoins de soins des Français », confie au Généraliste le Dr Franck Devulder, président de la CSMF.

Le Dr Agnès Giannotti, présidente de MG France, décrit un échange « convivial et constructif ».

« C'est la première fois qu'un ministre de la Santé écoute vraiment les libéraux et tient compte de leurs propositions », commente à son tour le Dr Philippe Vermesch, président du SML. Corinne Le Sauder, présidente de la FMF, renchérit : « Pour une fois, nous avons affaire à un ministre de la Santé pragmatique. »

Retour de terrain

Ces réunions informelles ont été, pour les syndicats, l'occasion de faire de premières remontées de terrain sur les mesures déployées dans le cadre de la mission flash sur les urgences et les soins non programmés.

« Nous avons notamment fait part au ministre des difficultés qu'avaient pu rencontrer certains médecins pour obtenir des transports sanitaires et rediriger ainsi des patients vers leurs cabinets médicaux », indique le Dr Corinne Le Sauder.

Autre point soulevé pendant ces rencontres ? Le bonus de 15 euros accordé aux médecins généralistes qui prennent en charge des patients orientés par le centre 15 ou la régulation SAS. « L'été nous a montré que cela avait marché », a indiqué le ministre de la Santé au Dr Franck Devulder. Une bonne chose, donc, pour les syndicats, qui espèrent que le dispositif soit reconduit mais surtout amélioré. « Certains médecins n'ont pas pu coter certains actes car le Samu a mal orienté les patients », témoigne le Dr Agnès Giannotti. 

Des attentes fortes de la part des syndicats

Pendant ces échanges, il aura surtout été question de parler du futur. Dans un contexte particulièrement tendu pour le système de soins français, les attentes des syndicats pour les prochains mois sont fortes.

En effet, selon le Dr Giannotti, « si les soins non programmés sont une partie importante de l'activité des médecins, il ne faut pas oublier la nécessite impérieuse d'offrir aux patients des suivis au long cours, de qualité et sécurisé ».

La grande "conférence des parties prenantes" de la santé, qui doit débuter en septembre, sera donc une première étape pour les médecins.

S'ensuivra le projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS), voté en octobre, et le lancement des négociations pour la nouvelle convention médicale « dans le courant de l'automne », dit-on à Ségur.

Parmi les leviers que le ministre semble disposé à activer pour améliorer le système de santé ? La simplification de l'accès à un assistant médical pour tous les médecins alors que l'aide forfaitaire de ce dispositif est aujourd'hui conditionné, en autres, au lieu d'exercice du médecin.

Le Dr Agnès Giannotti tempère toutefois : « Lors de notre rencontre avec le ministre, le déverrouillage de ce dispositif a fait consensus. C'est une bonne chose. Il faut maintenant voir quelles seront les modalités de cette simplification et comment cela va s'appliquer. Car, bien souvent, tout se joue dans les détails. Nous verrons cela au moment des négociations conventionnelles », résume-t-elle.

Dans un contexte de violences exacerbées envers les médecins, le Dr Philippe Vermesch est, lui, en attente de garanties pour la sécurité de ses confrères. « Nous remontons ce problème depuis plusieurs années. Il va vraiment falloir engager des mesures pour que cela cesse », prévient-il.

Doctolib et installation des jeunes au menu des prochaines rencontres

Les revendications du président de l'UFML-S, le Dr Jérôme Marty, qui rencontrera le ministre le 13 septembre, porteront en premier lieu sur les tarifs des médecins avec, comme étendard, la sortie de l'Ondam de l'enveloppe tarifaire.

Le généraliste entend également réclamer au ministre un encadrement strict du site Doctolib, dans la tourmente depuis quelques jours en raison de sa gestion problématique des inscriptions.

Du côté des médecins remplaçants, le rendez-vous a eu lieu jeudi 1er septembre. Pour le Dr Élise Fraih, présidente de ReAGJIR, il s'agissait avant tout « de nous présenter à lui et lui expliquer qui nous défendons ».

« Le PLFSS va arriver vite, nous allons donc être très clairs : les mesures coercitives, comme le conventionnement sélectif, ne sont pas la solution. Nous lui proposerons des mesures plus efficaces pour améliorer l'accès aux soins », confie-t-elle. 


Source : lequotidiendumedecin.fr