Près d’un an et demi après son décollage initial, l’initiative des « flying doctors », portée par le maire (Renaissance) de Nevers, Denis Thuriot et le centre hospitalier de la ville, confirme le succès de cet envol. À tel point que le président-maire de l’agglomération a annoncé, début mai, que l’opération était reconduite. Avec une nouvelle compagnie aérienne pour davantage d’efficience et un moindre bilan carbone, première des critiques avancées par les opposants à ce projet qui s’est concrétisé en janvier 2023.
35 minutes d’avion versus trois heures de voiture
Pour mémoire, l’idée de départ est simple. Pour contrer la topographie du territoire, qui requiert trois heures de trajet en voiture via le massif du Morvan, pour relier Dijon (Côte d’Or) à Nevers (Nièvre), l’édile décide de mettre sur pied un pont aérien entre les deux villes, le jeudi, à destination spécifique du personnel médical. Gain de temps réalisé pour le déplacement ? Presque deux heures trente ! Et la formule fonctionne. « En tout, depuis le 28 janvier de l’an dernier, nous avons réalisé 45 vols à ce jour. On a pu faire venir précisément 167 médecins dans différentes spécialités et des chirurgiens pour venir opérer au CH de Nevers », se réjouit Denis Thuriot.
L’élu et le centre hospitalier nivernais passent aujourd’hui à la vitesse supérieure. Ils viennent de signer un contrat avec un nouveau prestataire, Revolution’Air. « Comme les premiers avions de huit places n’étaient pas toujours pleins lors des rotations, nous avons opté pour cette compagnie d’avions-taxis dont les deux avions de quatre places chacun risquent moins de tourner parfois presque à vide. De taille plus petite, ils consomment également moins de carburant », développe le maire de Nevers. Le contrat avec la nouvelle compagnie, française, est prévu pour durer un an, à compter du 1er avril 2024, avec possibilité de reconduction tacite.
Quant au bilan financier de l’opération, Denis Thuriot a déjà fait ses comptes. Sur l’année 2023, les dépenses générées par cette initiative étaient de l’ordre de 192 000 euros. Tandis que côté recettes (induites par les activités accrues de l’hôpital générées par les médecins qui y opèrent grâce au pont aérien), l’élu les évalue à 333 000 euros. « Sans compter les économies réalisées par la caisse primaire d’Assurance-maladie qui aurait dû rembourser les trajets, en train ou en voiture, des patients de Nevers, obligés d’aller consulter à l’hôpital de Dijon », souligne-t-il.
Appel d’air pour les libéraux
Enfin, il est une dernière retombée positive, côté médecine de ville cette fois, que l’établissement de ce pont aérien a occasionnée. En l’occurrence, « l’arrivée d’une antenne de SOS Médecins à Nevers, avec des médecins généralistes de Dijon qui prennent notre navette, alors qu’on n’arrivait pas à mettre ce service de permanence des soins en place uniquement avec les médecins nivernais », conclut Denis Thuriot. Il songe sérieusement à élargir la capacité aéroportuaire de sa ville pour permettre à davantage de professionnels de santé libéraux des environs de venir y exercer, ne serait-ce qu’un jour par semaine. Et pourquoi pas davantage si la formule continue à faire recette.
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