Invité ce mardi 24 septembre des Contrepoints de la santé, à Paris, le député LR Yannick Neuder, rapporteur général du projet de loi de financement de la Sécurité sociale (PLFSS) pour 2025 s’est montré ferme sur les enjeux de ce texte budgétaire qui devrait être transmis à l’Assemblée nationale « autour du 9 octobre ». Dans un contexte financier certes très tendu, avec un déficit de la Sécu attendu à « près de 16 milliards d’euros » l’an prochain (dont de 9 à 12 milliards d’euros pour la branche maladie), l’élu de l’Isère appelle le gouvernement à faire « les bons choix pour la santé des Français », en préférant les réformes de fond aux arbitrages comptables et court-termistes.
Sur le plan macroéconomique, sa vigilance est de mise sur l’Ondam (objectif national de dépenses d’assurance-maladie), « un choix politique » qui aura des conséquences directes en ville comme à l’hôpital. « Si on n’a pas un Ondam qui suit l’inflation (autour de 2 %, NDLR) alors on aura un Ondam insincère », alerte-t-il.
Dans cette période de quête d’économies tous azimuts, le cardiologue hospitalier déclare redouter « des coups de rabot sans réforme structurelle ». À la place, Yannick Neuder défend à nouveau « une loi de programmation pluriannuelle en santé qui définirait des objectifs » assumés et partagés. À l’inverse, le député rejette l’idée que « les économies se fassent sur le dos des Français ».
Il faut être extrêmement prudent sur le coup de rabot vis-à-vis des biologistes
Yannick Neuder, rapporteur général du PLFSS 2025
Parmi les pistes d’économies, les dépenses liées aux ALD (deux tiers des dépenses d’assurance-maladie) sont régulièrement évoquées par Bercy. Près de 20 % des Français assurés (12 millions de personnes) bénéficiaient en 2022 de la reconnaissance d'une ALD par l'Assurance-maladie. Faut-il réviser la liste ? « Avant d’envisager de faire sortir des patients du régime des ALD, on pourrait déjà se demander comment ne pas les y faire entrer », a recadré le cardiologue. Le strict respect de l’ordonnancier bizone fait partie des leviers qui figurent parmi les engagements collectifs prévus dans la nouvelle convention médicale.
Idem pour les prescriptions de transports médicaux, citées par Bercy et la Cnam comme un gisement d’économies. « Attention à la fausse bonne idée, a averti à nouveau Yannick Neuder. Un bon de transport est toujours nécessaire pour un patient qui a besoin de dialyses et qui habite à 50 km de l’hôpital sans mode de transport. Là encore, une réduction à coups de rabot sans réfléchir pourrait se traduire par du renoncement de soins. »
Le député a plaidé en faveur d’une meilleure « efficience des soins » à tous les étages, stratégie qui suppose des « réformes structurelles » dans les hôpitaux et « des réformes d'organisation » de la médecine de ville. Pas si simple… En libéral justement, le médecin promeut un parcours de soins « optimal » permettant de réduire les hospitalisations, à l’instar de l’approche par pathologie développée depuis plusieurs années par l’Assurance-maladie (maladies cardiovasculaires, maladie rénale chronique, dépistages organisés, douleur, etc.).
Côté offre de soins, une meilleure coordination territoriale autour « d’unités primaires » – regroupant médecine générale, biologie et radiologie – permettrait selon lui de « diminuer jusqu'à 80 % des dépenses au niveau de la biologie ». « Il faut être extrêmement prudent aussi sur les coups de rabot vis-à-vis des biologistes », juge Yannick Neuder alors que la spécialité sort d’un week-end de grève des laboratoires d’analyses. Une pierre dans le jardin de la Cnam ?
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