Il semblerait qu’ils ne se parlent plus désormais que par communiqués interposés. Ce qui, sans faire avancer le fond du dossier – les biologistes médicaux et la Cnam sont engagés depuis cet été dans un bras de fer pour cause de désaccord tarifaire – prouve au moins que les deux parties concernées peuvent échanger rapidement.
Rappel des faits. Après un premier mouvement de grève unitaire des laboratoires entre le 20 et le 23 septembre, le front commun de la biologie médicale privée et publique* a alerté sur la perspective d’un shutdown, (arrêt complet d’activité), faute de moyens, programmé à la mi-décembre. La responsable, selon les syndicats de biologistes ? La Cnam, accusée d’avoir baissé unilatéralement les tarifs des actes de près de 10 % en septembre (360 millions d’euros en année pleine), alors que la profession avait déjà subi une baisse de près de 11 % sur les deux dernières années, rappelle l’union syndicale. Qui voit de plus d’un très mauvais œil l’article 15 du projet de loi de financement de la sécurité sociale (PLFSS 2025), ciblant notamment les biologistes médicaux (et les radiologues) pour de nouveaux coups de rabot tarifaire.
Fermetures totales ou partielles
Ce début de semaine, l’empoignade vient de prendre un nouveau tour. Les biologistes médicaux annoncent en effet qu’ils pourraient être contraints de fermer prématurément leurs laboratoires de biologie médicale du lundi 23 décembre au mardi 31 décembre inclus. « Des fermetures totales ou partielles (les après-midi, les samedis) de laboratoires pourront également avoir lieu, notamment dans les zones rurales, privant ainsi des milliers de patients d'un accès rapide à des examens indispensables », poursuit l’union syndicale. La Cnam a répliqué illico. « L’Assurance Maladie dénonce vigoureusement le nouvel appel à la grève lancé pour la période du 23 au 31 décembre qui, s’il était bien confirmé, pénaliserait à nouveau les patients dans leur nécessaire accès aux soins. »
« À aucun moment nous n’avons évoqué un nouveau mouvement de grève. Nous avons juste rappelé le fait que le montant de l’enveloppe qui nous était allouée pour effectuer les examens serait tarie fin décembre », corrige le Dr Jean-Claude Azoulay, président du Syndicat national des médecins biologistes (SNMB). À la manière de cette horloge qui indique le moment à partir duquel l'humanité a consommé l'ensemble des ressources que la planète peut régénérer en une année, « au moment des fêtes de fin d’année, nous travaillerons à perte », renchérit, la Dr Géraldine Jacob, médecin biologiste à Bourges et vice-présidente du syndicat des biologistes (SDBio).
Protestation conjointe avec les patients ?
De son côté, la Cnam se veut rassurante et indique aux patients que « tous les examens et analyses réalisés par les assurés seront pris en charge dans les conditions habituelles par l’Assurance-maladie tout au long de l’année 2024 et au-delà ». Pas sûr que le message suffise à les rasséréner. Associations de patients et syndicats de biologistes mettraient la dernière main à un communiqué commun alertant sur l’importance fondamentale, pour les Français, d’avoir accès à des analyses biologiques, partout sur le territoire. Et si, de manière officielle, les acteurs concernés recommençaient juste à se parler directement autour d’une table ?
* Syndicat national des médecins biologistes (SNMB), Les Biologistes médicaux (Biomed), Fédération nationale des syndicats de praticiens biologistes hospitaliers et hospitalo-universitaires (FNSPBHU), Syndicat national des biologistes des hôpitaux (SNBH), Syndicat des biologistes (SDBio), Syndicat des laboratoires de biologie clinique (SLBC), Syndicat national des médecins et biologistes des CHU (SNMB-CHU)
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