EHPAD, hôpitaux de proximité, PMI, dispensaires, établissements médico-sociaux, médecine scolaire… des structures très diverses offrent des opportunités de salariat aux généralistes. Elles recrutent des médecins coordonnateurs, des médecins traitants, des praticiens de prévention. Si l’activité principale des généralistes demeure le libéral, ils sont nombreux à opter pour un 0,20 / 0,30 équivalent temps plein (ETP) en salariat.
Une appétence des jeunes
Selon l’enquête nationale sur les souhaits d’exercice des internes de médecine générale réalisée en janvier 2011 par l’Intersyndicale nationale autonome représentative des internes de médecine générale (Isnar-IMG), 81,8 % des internes interrogés seraient prêts à travailler dans des lieux différents sur une même semaine. Une diversification de la rémunération est largement souhaitée : 78 % des internes interrogés souhaitent sortir du paiement à l’acte exclusif, 22 % envisagent une rémunération par salaire et 56 % souhaitent une rémunération mixte. Au fil des ans, le double exercice se développe, répondant à un besoin de diversification de l’activité mais aussi de la rémunération. Une tendance confirmée par l’étude menée en 2013 par la DREES, selon laquelle, 30 % des généralistes déclaraient en plus de leur activité en cabinet, des activités de soins, de coordination ou d’expertise dans les établissements de santé (14 %), dans une maison de retraite en tant que médecin coordonnateur (8 %) ou dans une crèche (4 %).
Les atouts du salariat
Travailler en équipe, disposer d’un plateau technique performant, offrir à ses patients une prise en charge complète : autant de bonnes raisons de choisir le salariat pour tout ou partie de son activité. Le Dr Claude Derail, installé au sud de la Drôme, a 36 ans d’expérience d’exercice mixte. Il partage son temps entre son cabinet et l’hôpital local. « C’est un choix d’exercice souhaité par les internes en médecine générale qui donne accès à une activité diversifiée, qui rompt la monotonie et l’isolement en cabinet et offre une rémunération mixte », explique-t-il. Ce statut offre aussi un certain nombre d’avantages liés au salariat (assurance santé, retraite, prévoyance, congés payés…). Pour le vice-président de l’Association des médecins généralistes des hôpitaux locaux (AGHL), exercer à temps partiel dans une structure hospitalière ou médico-sociale permet de travailler en pluridisciplinarité. Le médecin a accès à une multitude de compétences (kinés, aides-soignantes, infirmières, psychomotriciens, psychologues…) qui enrichissent la pratique quotidienne. « Ce type d’exercice est une préfiguration de ce qui est recherché en ville dans les maisons de santé pluridisciplinaires », explique le Dr Derail. En termes d’exercice et de pratique, le salariat en structure hospitalière notamment est très formateur. « Le médecin généraliste doit se soumettre aux exigences de rigueur, de bonnes pratiques, de qualité et de sécurité des soins qui sont exportables dans la pratique libérale. Il se forme aussi au management d’équipe », poursuit-il. Sans oublier l’accès à la formation professionnelle et la prise en compte du temps consacré à l’évaluation des pratiques professionnelles dans la validation de la formation continue qu’offrent les hôpitaux locaux.
Quelques réserves
Si le tableau est en apparence idyllique, le double exercice salariat/libéral comporte tout de même quelques contraintes. Les conditions de rémunération des libéraux participant aux missions des établissements publics de santé sont encadrées par décret. Le Dr Yannick Schmitt, président du Regroupement autonome des généralistes jeunes installés et remplaçants (ReAGJIR), très favorable à une part de salariat dans l’exercice de la médecine générale, précise que le salariat, s'il assure une sécurité de revenu, « n’est pas très rémunérateur ». « Il peut même entraîner une perte de ressources par rapport au cabinet dont les charges fixes demeurent et qu’il faut assumer. Les cotisations, notamment retraite sont également majorées du fait du double exercice », explique le syndicaliste. Selon le président de ReAGJIR, quitte à choisir le salariat, la rémunération des médecins généralistes en centres de santé « est ce qui se fait de mieux », avec des salaires alignés sur les grilles de rémunérations des praticiens hospitaliers.
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