La 25e Université d’été de la CSMF a ouvert ses portes vendredi au Palais des congrès d’Antibes-Juan-les-Pins dans un contexte marqué par une actualité de la santé aussi brûlante que le thermomètre de la Côte d’Azur. Plan urgences, retraites, délégations, accès aux soins… Les quelque 200 cadres du syndicat sont réunis jusqu’à demain dimanche pour débattre de l’avenir de la profession. Pour la première fois, le président de la Conf, le néphrologue Dr Jean-Paul Ortiz, avait invité ce samedi matin les représentants des autres syndicats de médecins libéraux, séniors et juniors, à participer à une table ronde. Le but : impulser une dynamique commune et réfléchir à des propositions intersyndicales « à porter ensemble vis-à-vis des décideurs ». Le président de la CSMF estime nécessaire de rassembler les forces syndicales car « le métier est attaqué de toutes parts » et que les décisions des pouvoirs publics sur l’avenir de profession sont prises « sans concertation ». « Ça n’est pas aux députés d’en décider, ça n’est pas à la ministre de le décider dans un de ses multiples plans », a affirmé le Dr Ortiz.
La visite de la ministre Agnès Buzyn ce samedi était donc on ne peut plus attendue pour tenter de rassurer des libéraux inquiets sur l’avenir de leur profession. La faute à un planning ultra-chargé à l’Assemblée nationale avec l’examen de la Loi bioéthique, la ministre s’est finalement exprimée par visioconférence et a répondu aux interrogations des médecins.
Pas de revalo prévue pour les soins non programmés
L’un des enjeux de cette Université d’été de la CSMF était de renouveler, auprès de la ministre et du directeur général de la Cnam Nicolas Revel présent également samedi, une revendication portée par l’ensemble des syndicats de libéraux : la revalorisation de la prise en charge des soins non programmés. Dans son plan pour la refondation des urgences présenté la semaine passée, la ministre a en effet souligné l’importance de libérer des créneaux de consultations sans rendez-vous en ville pour décharger les urgences, notamment dans le cadre des Communautés professionnelles territoriales de santé (CPTS) dont c’est l’une des missions.
Nicolas Revel a toutefois balayé la possibilité d’une nouvelle majoration dédiée pour le médecin généraliste. « Cette question de la profession est légitime et l’engagement des médecins dans la prise en charge des soins non programmés justifie un soutien financier. C’est ce que nous avons signé avec les partenaires sociaux avec la création d’un indicateur dédié dans le forfait structure (1 050 euros par an N.D.L.R.). Concernant une majoration de l’acte, ces consultations sans rendez-vous sont-elles à ce point plus difficiles qu’une consultation à 25 euros pour des patients chroniques, je ne le crois pas », a dit le patron de la Cnam. Agnès Buzyn ne s’est pas montrée plus enthousiaste : « Au-delà de savoir si on doit valoriser tel ou tel acte, il faut que cette revalorisation tienne en compte de la qualité et de la pertinence des soins », a-t-elle réaffirmé.
Vers une évolution des horaires de la PDS ?
Une autre demande de la profession serait d’élargir les horaires de garde à partir de 19 heures les soirs et au samedi matin. Sur cette question, Agnès Buzyn a affirmé aux cadres de la CSMF qu’elle « n’est pas opposée de principe à une évolution de la PDS » mais a toutefois rappelé que la priorité était tout d’abord de s’attaquer au chantier des CPTS et des soins non programmés. « Une fois que les CPTS seront structurées, nous travaillerons tous ensemble sur l’évolution de leurs missions et dans ce cadre-là nous pourrons travailler sur la permanence des soins », a-t-elle assuré.
Sensibiliser les patients sur les conséquences des « lapins »
Interpellée dans l’auditoire sur la recrudescence des rendez-vous non honorés par les patients, la ministre a écarté toute forme de pénalisation du patient mais prône plutôt son éducation. « C’est une forme d’incivilité qui se développe. C’est quelque part une maltraitance pour les professionnels lorsqu’un patient ne se présente pas alors qu’on sait à quel point vous faites au mieux pour prendre un maximum de patients » a-t-elle estimé. « Certains voudraient des solutions punitives, ni moi ni les Français ne sont prêts à cela. Pour autant, je crois qu’il y a lieu de faire des campagnes d’information. Aujourd’hui, étant donné les tensions qui pèsent sur le système, chaque Français doit se sentir concerné », ajoute Agnès Buzyn.
Pas de panique sur la retraite
Enfin, la ministre a dû répondre à l’une des plus grandes craintes du moment pour les libéraux : l’avenir de leur retraite dans le futur régime universel voulu par le gouvernement (lire notre dossier). Agnès Buzyn a tenté d’apaiser les inquiétudes notamment formulées par le président de la Carmf Thierry Lardenois, présent au congrès. « Certains voient avec inquiétude des changements dans leurs taux de cotisation, certains s’alarment de la valeur du point et du taux de rebond. Jean-Paul Delevoye (haut-commissaire à la réforme des retraites N.D.L.R.) a défini un système cible, le régime universel. Pour les Français qui font partie des 42 régimes spéciaux ou autonomes comme les médecins, il est fort probable qu’on ait besoin de 10 voire de 15 ans pour lisser vers le système cible et établir évidemment des compensations. Ne soyons pas alarmistes le travail de concertation commence tout juste », a rassuré la ministre.
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