Santé des Français

De la naissance au grand âge, les inégalités de santé demeurent

Par
Publié le 21/09/2022
Article réservé aux abonnés

La Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) publie mercredi 21 septembre un dossier sur l’état de santé de la population en France, pointant les inégalités qui ne s’estompent pas avec le temps.

Crédit photo : BURGER/PHANIE

« De la naissance au grand âge, les problèmes de santé évoluent, les inégalités demeurent », constate la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques (Drees) dans son dossier sur l’état de santé de la population en France publié ce mercredi 21 septembre.

« Les inégalités d’accessibilité aux professionnels de santé (et en particulier aux généralistes libéraux) s’accentuent » et « elles risquent de pénaliser plus fortement les plus modestes ». Ainsi, dans les zones de faible densité médicale, « le risque de renoncement aux soins est accru pour les personnes les plus défavorisées ; de même, l’accès aux unités neurovasculaires en cas d’AVC est moins fréquent pour les plus modestes et les différences d’accès entre les plus modestes et les plus aisés sont plus fortes dans les départements faiblement dotés en lits dans ces unités ».

Par exemple, les femmes résidant dans les départements et régions d’outre-mer (Drom) présentent un risque de mortalité maternelle multiplié par quatre par rapport à celles de France métropolitaine, « bien que les décès liés à la grossesse, l’accouchement ou à ses suites restent rares au global (11 décès pour 100 000 naissances vivantes jusqu’à un an après la naissance) », note la Drees. La mortalité périnatale, qui concerne les enfants morts nés ou décédés dans les sept premiers jours de vie, stagne autour de 10 pour 1 000 naissances totales durant la décennie 2010.

Des inégalités de santé dès avant la naissance

Mais les inégalités de santé apparaissent dès avant la naissance, avec de nombreux facteurs de risque (tabac, obésité) pour la santé de la femme enceinte et de l’enfant à la naissance, plus fréquemment présents dans les milieux défavorisés. La prématurité et les petits poids à la naissance sont plus fréquents lorsque la mère est de milieu modeste.

« Lorsqu’ils grandissent, deux fois plus d’enfants d’ouvriers que d’enfants de cadres se retrouvent en surpoids en grande section maternelle », écrit la Drees. En 2017, 18 % des enfants en classe de troisième sont en surpoids et 5 % sont obèses (3 % chez les enfants de cadres et 8 % chez les enfants d’ouvriers). La part de ces enfants en surpoids ou obèses progresse. Par ailleurs, « la santé bucco-dentaire s’améliore globalement. Les enfants d’ouvriers ont plus souvent que ceux des cadres des troubles non corrigés de la vue », détaille la Drees.

En France, les causes les plus fréquentes de mortalité sont les cancers et les maladies cardio-neurovasculaires, concernant chacun plus du quart des décès. Et la Drees pointe que « les maladies chroniques surviennent plus fréquemment chez les personnes aux faibles revenus et conduisent à renforcer les inégalités d’espérance de vie observées entre les plus modestes et les plus aisés ».

La sédentarité pointée du doigt

Les inégalités concernent également la sédentarité et les habitudes de consommation. Si, en France métropolitaine, plus de trois habitants sur quatre consomment tous les jours des fruits et légumes, c’est moins de 50 % dans les Drom, où la consommation de boissons sucrées est aussi plus répandue. Et 20 % des habitants de France métropolitaine et 30 % des habitants des Drom ne font aucun trajet à pied d’au moins 10 minutes par semaine.

La surcharge pondérale concerne 45 % des personnes en France dont 14 % souffrant d’obésité. Les prévalences d’obésité sont plus élevées dans la partie nord de la France, où elles dépassent 20 % dans certains départements, ainsi que dans les Drom, sauf à La Réunion. « La part de personnes obèses diminue lorsque le niveau de diplôme ou le niveau de vie augmente », précise la Drees.

La prévention moins répandue chez les plus pauvres

Le recours au dépistage du cancer est inégal selon le niveau de vie. Par exemple, en 2019, 24 % des femmes de 50-74 ans, parmi le cinquième des personnes les plus aisées, n’ont jamais eu de mammographie ou en ont eu une il y a plus de 2 ans, contre 39 % pour les femmes parmi le cinquième des personnes les plus modestes.

Dans les Drom, la prévention est moins répandue, surtout à Mayotte où 85 % des hommes de 50-74 ans n’ont jamais eu de dépistage du cancer colorectal, contre 47 % en France métropolitaine. « La vaccination contre la grippe saisonnière, qui concerne six personnes sur dix parmi les 75 ans ou plus, est légèrement plus répandue parmi les personnes les plus aisées », explique la Drees.

La Dress a mobilisé les données les plus récentes, comme celles du Système national des données de santé (SNDS) et son appariement avec des données sociodémographiques (EDP-santé), de l’enquête santé européenne (EHIS) 2019, de l’enquête Épidémiologie et conditions de vie (EpiCov) de 2020-2021, mais aussi d’autres études récentes.


Source : Le Généraliste