Au SML, des cadres inquiets face au flou politique

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Publié le 13/09/2024
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Si l’influence de l’IA sur les pratiques était bien le thème central des Journées du Syndicat des médecins libéraux (SML), la nouvelle convention et la constitution du gouvernement ont fait l’objet, en amont, de toutes les conversations des cadres.

Le syndicat entend défendre auprès du nouveau gouvernement la piste des médecins retraités actifs

Le syndicat entend défendre auprès du nouveau gouvernement la piste des médecins retraités actifs
Crédit photo : BURGER/PHANIE

En amont des journées d’été du SML, qui se tiennent cette fin de semaine au Pouliguen (Loire-Atlantique), les conversations allaient bon train. Et pas seulement sur le thème choisi cette année par le syndicat (« Intelligence artificielle : alliée ou concurrente des médecins ») mais aussi sur la composition du gouvernement… et ses conséquences pour la médecine libérale.

Une préoccupation on ne peut plus logique, avoue le Dr Edmond Galipon, trésorier du syndicat présidé par la Dr Sophie Bauer. « On est encore dans une incertitude totale quant à la politique qu’entendra mener le gouvernement en matière de santé et si ce dernier assurera une place de qualité à la médecine libérale dans le système de soins », développe le généraliste du Loiret. Face à cette inconnue, le médecin se réjouit que le SML ait paraphé la nouvelle convention. « Elle n’est pas parfaite, loin de là, mais elle nous garantit un cadre juridique qui tient la route. Et vu les incertitudes politiques actuelles, on est bien content d’avoir signé ce texte qui nous protège partiellement d’un gouvernement susceptible de faire n’importe quoi vis-à-vis de la médecine libérale ! »

La nouvelle convention nous protège partiellement d’un gouvernement susceptible de faire n’importe quoi

Dr Edmond Galipon, trésorier du SML

Demain, le secteur 2 pour tous ?

« Au SML, on est libéral et on veut croire que les choses peuvent aller mieux », sourit le Dr Charles-Henry Guez, vice-président de la branche généraliste. Le Lyonnais, adhérent historique, rappelle à ce propos la faculté d’adaptation du SML. Et l’origine de sa création, en 1982, deux ans après l’instauration du secteur 2 par Raymond Barre alors qu’un certain Michel Barnier étrennait son mandat de député de Savoie.

« Nous sommes issus d’une scission avec la CSMF, poursuit le Dr Guez. Aujourd’hui, l’espace de liberté tarifaire pour la médecine générale n’existe plus mais nous avons su évoluer. » Le généraliste de 65 ans en veut pour preuve les dossiers portés par son syndicat. Comme la possibilité pour les médecins d’exercer dans des cabinets secondaires, ou encore la piste « des retraités actifs ». Ce qui est aujourd’hui devenu réalité. Alors pourquoi pas, demain, le C à 50 euros et le secteur 2 pour tous… ? Les cadres du SML entendent bien convaincre directement ministères et parlementaires.

Des préoccupations autrement plus concrètes, pour les adhérents du syndicat, que l’incidence de l’IA sur leurs pratiques ? Non, recadre le Dr Galipon. « Ces nouvelles technologies, elles arrivent, il faut non seulement nous y préparer, mais aussi nous positionner face à elles. La médecine évolue à la vitesse de la lumière. Nous, les anciens, sommes un peu has been, mais il nous revient de préparer le terrain pour les jeunes générations. »

« L’intelligence artificielle a des implications directes pour les médecins libéraux, c’est une source d’aide mais aussi d’inquiétudes. Que peut-il en ressortir pour la valorisation de notre profession et quels cadres mettre en place pour rester maître de cette IA ? », questionne la Dr Marie-Ange Boulesteix, angiologue à Cahors. Ce qui n’empêche pas la vice-présidente des spécialistes du SML d’adresser d’ores et déjà un message au nouveau gouvernement. « Il faut que les pouvoirs publics cessent de jouer la concurrence entre monde hospitalier et médecine libérale. Et il faut de la stabilité pour que nos jeunes puissent s’installer en médecine ambulatoire. » Et de conclure : « On ne peut voir des internes choisir de redoubler pour éviter le joug des nouvelles réformes. C’est totalement aberrant ».


Source : Le Quotidien du Médecin