Bourses d'études, aides financières à l'installation ou au logement, accompagnement du conjoint pour trouver un travail, journée découverte… Les départements français ne manquent pas d'imagination pour attirer la jeune génération sur leur territoire.
Il y a deux mois, l'Intersyndicale nationale des internes (ISNI) a décidé de partir à la rencontre des élus locaux, des facultés et des institutions afin de quantifier l'aide apportée par les départements pour inciter les jeunes médecins à s'installer durablement. En cause : les tentatives incessantes des élus de la République pour imposer des mesures coercitives aux jeunes pousses. Les assauts des sénateurs sur le projet de loi de santé en sont les derniers exemples.
Pour les contrer, les internes ont déposé en fin de semaine dernière leur travail sur le bureau des conseillers santé d'Emmanuel Macron. Ce vaste atlas de l'attractivité médicale de plus de 150 pages donne une vision globale des initiatives locales. 67 départements français ont déjà mis en place des dispositifs à destination de l'attractivité médicale, 22 départements n'ont pas participé à l'enquête et 10 n'ont pris aucune disposition.
Premier constat : la majorité des départements ont pris le pli des aspirations de la nouvelle génération en favorisant le travail d'équipe et coordonné. 10 régions françaises sur 13 (hors DOM) participent à la création et au financement des maisons de santé pluridisciplinaires (MSP). Une dizaine de départements investit également sur la formation des maîtres de stage des universités (MSU) pour développer les offres de stages auprès des étudiants.
7 000 euros par an dans les Ardennes
Cet état des lieux montre qu'une vingtaine de départements propose une bourse d'études visant à découvrir la région. Cette aide peut varier d'un territoire à l'autre et exige parfois une contrepartie. Ainsi, dans la Nièvre, une allocation est attribuée dès la deuxième année par le conseil départemental. Pour réaliser un stage dans l'Yonne, le territoire alloue une aide de 250 euros (pour 7 semaines) aux externes et 600 euros (pour 6 mois) aux internes.
Plusieurs territoires suggèrent aussi une aide financière en échange d'une installation de quelques années. À l’instar des Ardennes où les étudiants bénéficient de la deuxième à la sixième année d'une aide de 7 000 euros par an mais s'engagent à exercer sur le territoire pendant 5 ans au minimum après l'obtention de leur diplôme. Dans l'Indre, les internes peuvent recevoir une aide de 600 euros par mois en échange d'une installation pendant 5 ans dans une zone déficitaire du département. Selon l'ISNI, l'efficacité de ces mesures est mitigée. « Les bourses aux étudiants, lorsqu’elles ne sont pas accompagnées d’un suivi et d’une campagne de promotion du territoire semblent peu efficaces, souligne Antoine Reydellet. Les aides financières ne peuvent être un facteur d’attractivité que lorsqu’elles font partie d’un ensemble de mesures. Plusieurs départements l’ont déjà compris. C’est le cas de la Nièvre et de l’Aveyron qui en voient déjà les effets positifs. »
Les aides à l'hébergement dans le cadre des stages se sont également bien développées. 12 départements en proposent, allant de la gratuité totale à un loyer totalement bradé. Dans le Cher, en l'espace de 4 ans, 60 stagiaires en santé (48 en médecine, 12 en kinésithérapie) ont vécu dans des logements meublés (40 euros par mois de charges). Dans l'Indre, deux pavillons ont été dédiés à des colocations de 8 personnes pour la somme de 150 euros par mois. Le Loiret est le plus original. Il met à disposition des logements dans des collèges de novembre à avril pour les étudiants (40 euros par mois). Les Ardennes, l'Aude ou la Haute-Marne proposent des logements gratuits. Les Landes ont débloqué 100 000 euros pour venir en aide à 120 étudiants. Des indemnités aux transports sont aussi disponibles en complément.
L'emploi pour le conjoint, la clé
Aider au financement des études est une chose, faciliter l'installation du jeune médecin dans la foulée en est une autre. Une trentaine de départements ont lancé des solutions clés en main pour attirer définitivement les jeunes. Une dizaine d'entre eux contribue à l'équipement et au loyer des médecins lors de leur première installation. Dans l'Yonne, 9 médecins ont reçu un coup de pouce de 12 500 euros contre un engagement de 5 ans.
Une quinzaine de territoire apporte conseils ou simplifie les démarches administratives. Le Cher et la Meurthe-et-Moselle (dispositif La Passerelle) ont innové en créant un référent spécial médecin, dispositif que l'ISNI aimerait voir se généraliser.
Si ces offres sont intéressantes, elles ne sont pas forcément le facteur déclenchant de l'installation. Dans des départements souvent ruraux et isolés, la découverte des richesses locales (culture, sport, gastronomie, etc.) ainsi que l’accompagnement du praticien et de sa famille sont des éléments clés. Malheureusement, seuls sept territoires sont investis dans la recherche d'emploi pour le conjoint ou proposent des services ad hoc (gardes, place en crèche) pour aider le jeune médecin à mieux s'installer dans sa nouvelle vie.
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