« Les médecins de la maison médicale de garde sont découragés et très en colère », rapporte le Dr Jean-Antoine Rosati, président de l'Association des médecins libéraux de l’Allier pour la permanence des soins (Amlaps). Les généralistes du site ont appris « avec stupéfaction » que, « faute de financement », ils ne pourront plus « bénéficier de la présence d’un vigile pour sécuriser le site » à compter du 1er novembre. « La présence de ce dernier nous paraît pourtant indispensable car devant un tel afflux de patients, le risque de débordements, d’incivilités voire d’agressions est très élevé », écrivent-ils dans un courrier adressé à Cécile Courrèges, directrice générale de l'ARS Auvergne Rhône Alpes, consulté par le Quotidien.
Péril en la demeure
Réunis mi-septembre, une majorité des généralistes sur la cinquantaine intervenant au sein de la maison médicale de garde (MMG) de Vichy refuseraient de continuer de prendre leurs gardes sur ce site à compter du 1er novembre.
Ouverte en septembre 2020, cette structure couvre trois secteurs de garde, pour environ 80 000 habitants. Au départ, les consultations étaient adossées à la clinique puis transférées au pôle de santé de Vichy. Et pour fonctionner, la structure avait prévu l'embauche d'un secrétaire médical dont le coût (51 600 euros par an) était pris en charge par l'ARS. Mais en raison des difficultés de recruter du personnel sur les horaires de la permanence des soins (nuit et week-end), la MMG a décidé de recruter « un vigile qui assure l'accueil et la sécurisation du site ». Las, le montant annuel de la prestation avoisine « les 80 000 euros », dépassant le budget d’un secrétariat médical.
Croissance d'activité et incivilités
Selon le Dr Rosati, l'ARS refuserait de combler le surcoût d'environ 25 000 euros. « Notre activité a augmenté de plus de 20 %, explique le généraliste à Chantelle, les gens s'énervent rapidement. L'agent de sécurité a un rôle primordial. Les médecins refusent de continuer de travailler dans cette MMG sans le vigile ». La conséquence ? Une menace de fermeture de ce site et le retour des gardes dans les cabinets libéraux… « On met en péril la permanence des soins et l'accès aux soins de la population », regrette le Dr Rosati.
L'ultimatum des généralistes sera-t-il mis à exécution ? Dans leur courrier, les médecins demandent à l'ARS de revoir sa position. Jointe par le journal local La Montagne, l'agence affirme qu'une réponse sera apportée prochainement.
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