Pour que la grève illimitée du 13 octobre – lancée mi-juin par quatre syndicats de médecins libéraux (SML, UFML-S, FMF, et Avenir-spé-Le-Bloc) – soit une réussite, le Syndicat des médecins libéraux entend ne rien laisser au hasard. L'organisation présidée par la Dr Sophie Bauer prépare en coulisse des départs à l'étranger pour les médecins intéressés.
Objectif ? Rendre les praticiens libéraux non réquisitionnables au moins le temps de la grève. « Cette fois-ci, nous n'attendrons pas bien gentiment que les médecins se fassent réquisitionner un à un, avance la chirurgienne. L'idée est qu'ils restent injoignables ! »
Pour le moment, un séjour du 13 au 20 octobre dans la ville d'Oxford, en Angleterre, est prévu pour un groupe de médecins qui n'a pas été défini. « Nous allons communiquer en interne pour savoir qui peut être intéressé parmi nos adhérents », indique la praticienne qui n'exclut pas d'ouvrir ce séjour « linguistique » à des médecins non adhérents.
Former les médecins à l'anglais médical
Derrière cette action symbolique, il y a aussi la volonté de former les médecins à l'anglais médical. « L'idée est de donner toutes les armes aux médecins qui souhaiteraient s'expatrier à l'étranger pour travailler », ajoute la Dr Sophie Bauer.
Ces dernières années, la chirurgienne constate « une réelle demande de la part des médecins pour se former à l'anglais médical afin de partir exercer à l'étranger. Pour beaucoup, la coupe est pleine », assure-t-elle encore. Preuve en est ? Le départ de « plusieurs médecins » pour aller exercer en Suisse, en Angleterre, aux États-Unis ou au Canada. « Il y a une véritable hémorragie », affirme la praticienne.
Selon des statistiques de l'OCDE, en 2021, environ 4 800 médecins français exerçaient dans d'autres pays de l'OCDE. En 2015, ce chiffre s'établissait à seulement 3 600.
Voyage humanitaire
Pour financer ces départs, le SML envisage d'avoir recours à ses budgets de formation. « Nous sommes en train de voir combien de médecins sont intéressés et combien nous pouvons mobiliser », assume la présidente.
En plus de ce séjour outre-Manche, un autre voyage humanitaire (hors Europe) pourrait être organisé sur la même période. Toujours dans cet objectif de rendre les médecins non réquisitionnables mais aussi « d'aller soigner des gens qui sont contents d'être soignés », indique la chirurgienne.
À ce jour, aucune réunion intersyndicale pour préparer la grève du 13 octobre n'a été organisée. Mais ces départs à l'étranger pourraient être « mutualisés » avec d'autres syndicats, indique la présidente du SML, qui doit rencontrer le ministre de la Santé le 11 septembre.
* Le pouvoir de réquisition du préfet dans le cadre de la permanence des soins est mis en œuvre si le tableau de garde reste incomplet (après tentative du conseil départemental de l’Ordre pour le compléter)
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