« Je ne ferai pas de miracles, je ne suis pas une fée » : arrivée à Ségur, Geneviève Darrieussecq mise sur un discours de vérité

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Publié le 23/09/2024
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Nommée à la tête d’un nouveau ministère de la Santé et de l’Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, centriste et médecin allergologue, a fait de l’accès aux soins l’un des axes majeurs de sa politique, qu’elle a détaillée lundi 23 septembre.

Crédit photo : SEBA/SIPA

Retour au même ministère mais pas au même poste. Ce matin, la centriste Geneviève Darrieussecq a succédé au tandem formé par Catherine Vautrin et Frédéric Valletoux avenue Duquesne. Non sans émotion et « avec grand plaisir », la médecin allergologue, députée MoDem des Landes depuis 2017, qui a été ministre déléguée chargée des Personnes handicapées de 2022 à 2023, a pris ce lundi 23 septembre les rênes du ministère de la Santé et de l’Accès aux soins.

Lors de la passation de pouvoir, Geneviève Darrieussecq, 68 ans, peu connue du grand public, a tenu un discours simple avec une ferme volonté de poursuivre les dossiers laissés par ses prédécesseurs. L’accès aux soins sera « l’axe majeur » de son travail. En juillet, un sondage BVA mené auprès de 800 Français a montré que près 29 % des Français ont motivé leur vote pour le parti de Marine Le Pen par les difficultés d’accès aux soins. Pour ce médecin de terrain qui a exercé pendant 25 ans, l’un des remèdes serait « un système de santé décloisonné » « où chacun doit considérer l’autre, non pas comme un concurrent, mais un compagnon de route ». Dans ce domaine, de nombreuses initiatives locales existent, selon la nouvelle ministre. « J’en connais d’excellentes sur le territoire », a-t-elle ajouté.

La prévention, un axe de développement majeur

Alors que la prévention ne figure plus dans ses attributions, l’allergologue veut en faire « un développement majeur » de sa politique « pour les générations suivantes » mais aussi, entre les lignes, pour les dépenses de santé. « Vieillir en bonne santé n’est pas la même chose qu’en mauvaise santé » , dit-elle. En tout cas, les marges de manœuvre de la nouvelle ministre en termes budgétaires risquent d’être réduites en raison d’un déficit de la Sécurité sociale qui devrait être supérieur aux 11,4 milliards d’euros initialement prévus en 2024, a indiqué il y a peu Thomas Fatôme, patron de la Cnam.

La préparation du budget de la sécurité sociale (PLFSS) 2025 à laquelle elle va s’« atteler » ne sera pas une sinécure. « Je ne ferai pas de miracles, je ne suis pas une fée », a-t-elle expliqué, tout en reconnaissant cependant que « les enveloppes augmenteront un peu ». Sur ce sujet, la nouvelle ministre s’est bien gardée de rentrer dans le détail. Aucune allusion n’a été faite aux arbitrages hôpital/ville ou aux pistes d’économies potentielles proposées par la Cnam (arrêt de travail, médicaments, etc.).

En revanche, la médecin s’est engagée à travailler sur la santé mentale, suite à l’annonce dimanche 22 septembre du Premier ministre Michel Barnier de faire de ce sujet, une « grande cause nationale ». « Dans notre société, comme dans les établissements psychiatriques, les besoins sont énormes », a-t-elle reconnu.

À la fin de son discours, humble, la nouvelle ministre a tenu à rendre hommage à ses prédécesseurs car « beaucoup de choses ont été faites ». Les « avancées » du ministère de la Santé ont été « nombreuses », a en effet vanté Catherine Vautrin lors de la passation, comme la généralisation du service d’accès aux soins (SAS) en place « dans 92 départements » ou la signature de la convention médicale. Certes, plusieurs chantiers sont restés en jachère comme la refonte du métier d’infirmiers, la stratégie décennale des soins palliatifs ou encore l’accès direct aux infirmiers en pratique avancée (IPA) dont le projet de décret a été retoqué par la Haute autorité de santé (HAS).

« On n’a pas résolu tous les problèmes »

Un peu à l’écart, prenant la parole en dernier, Frédéric Valletoux, ministre délégué sortant, a plaisanté : « J’ai une mauvaise nouvelle Geneviève. Avec Catherine, on n’a pas résolu tous les problèmes ». En matière de santé, « il nous en reste quelques-uns. Ce sont des sujets qui nécessitent d’être volontariste », a martelé celui qui n’avait pas fait mystère de sa volonté de rester en place. Sans cacher sa déception, le député Horizons de Seine-et-Marne a aussi plaidé pour sa chapelle. « Le système de santé doit évoluer vers les territoires », a-t-il embrayé. Car si les maires n’ont pas la santé dans leur prérogative, « ce sont des acteurs majeurs de l’organisation de l’offre des soins et donc, de l’accès aux soins ». Un appel du pied qui a fait légèrement sourire Geneviève Darrieussecq, maire de Mont-de-Marsan pendant près de dix ans.


Source : lequotidiendumedecin.fr