Voilà une étude sur la répartition inégale des médecins généralistes qui tombe à point nommé, à la veille de la présentation d’une nouvelle proposition de loi transpartisane par le député socialiste Guillaume Garot, visant notamment à réguler l’installation.
Se fondant uniquement sur le nombre de médecins généralistes libéraux en activité, nés et formés en France, l’Insee alerte sur la répartition non homogène de la génération récente de praticiens formés dans les années 2000 (internat entre 2004 et 2007 et début d’exercice au tournant des années 2010) par rapport à celle de la population résidente.
Moins de médecins pour une population âgée
En effet, souligne l’enquête, 57 % des généralistes libéraux de cette génération ont choisi de visser leur plaque dans les grandes villes de province de plus de 200 000 habitants, hors aire de Paris, alors que 43,3 % de la population « seulement » réside dans ces territoires. L’Insee note ainsi que des disparités surgissent quant à l’implantation de cette génération plus récente.
Paris et ses villes environnantes sont ainsi relativement délaissés : seuls 13,1 % de médecins généralistes ont choisi de s’y installer, une proportion « nettement moins élevée » que la population résidente (19,6 %). Pire, dans les communes de moins de 200 000 habitants (et celles situées en dehors des zones attractives) où résident davantage de personnes âgées de plus de 65 ans (44,1 %) et où les besoins de santé sont plus élevés, le taux d’installation n’est que de « 30 % » pour cette génération médicale.
L’Insee note une répartition « pas uniforme » au sein de chacune des aires d’attraction des villes. À Nantes, à Annecy ou encore à La Rochelle, la proportion de généralistes installés est « plus de deux fois supérieure à la proportion de la population qui y réside », note l’Insee. Inversement, à Valenciennes, au Mans ou au Havre, cette part est « deux fois moindre » que le nombre d’habitants résidents. Selon l’Insee, ces écarts ne sont pas liés à « des logiques de rattrapage ». « Ces médecins ne se dirigent pas particulièrement vers les lieux où la densité médicale est plus faible », note l’étude. Ce phénomène se confirme aussi dans les lieux de moins de 200 000 habitants.
La région de naissance et l’Université, facteurs clés
Pour expliquer ces résultats, l’Insee explique que le lieu de naissance des médecins est un facteur déterminant. Six généralistes libéraux sur dix de cette génération exercent ainsi dans la région où ils sont nés et même « un sur dix » environ dans leur commune de naissance. « Pour la moitié des médecins », la distance à vol d’oiseau entre la commune de naissance et leur cabinet reste « inférieure à 85 km ».
Cette corrélation est toutefois variable selon les régions. Les scores sont plus élevés dans le Grand Est, les Hauts-de-France et l’Île-de-France (environ 80 % des généralistes libéraux sont nés dans la région de leur cabinet). C’est beaucoup moins vrai pour l’Ouest et le sud de la France, notamment en Occitanie (40 %) et dans les territoires d’outre-mer (15 % à la Réunion). D’un département à l’autre, le taux de natifs varie aussi fortement. Par exemple, 51 % des généralistes libéraux installés dans le Finistère y sont nés, alors que ce taux chute à 23 % nés en Ille-et-Vilaine. De fait, mécaniquement, plus un territoire est capable d’attirer des praticiens nés ailleurs, plus le taux de natifs y est bas. Mais l’Insee précise aussi que certains départements des Hauts-de-France (Nord, Pas de Calais, Somme) ou de l’Alsace (Bas-Rhin, Haut-Rhin) parviennent davantage à « retenir » leurs médecins qui y sont nés.
Enfin, et ce n’est pas nouveau, le lieu d’internat pèse aussi très fortement dans le choix d’installation. L’étude montre ainsi « qu’une installation sur deux est située à moins de 43 km de l’université d’internat ». Une distance médiane qui varie selon les facultés : 18 km pour Nice et 117 km pour Poitiers.
En début de carrière, confirme enfin l’Insee, les jeunes généralistes changent fréquemment de communes d’exercice. Puis, leur lieu d’exercice se stabilise. Douze ans après l’internat, 96 % des médecins exercent dans la même commune que l’année précédente.
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