Benoît Blaes, président du SNJMG

« Nous défendons une certaine pratique de la santé avant nos seuls intérêts »

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Publié le 02/12/2019
Benoît Blaes

Benoît Blaes

A 29 ans, Benoît Blaes, médecin parisien remplaçant non thésé vient d’être élu pour un an président du SNJMG (Syndicat national des jeunes médecins généralistes). Le successeur du Dr Sayaka Oguchi détaille pour Le Généraliste ses priorités pour améliorer les conditions d'exercice des médecins mais aussi l'accès aux soins de tous les patients.

Quel a été votre parcours dans vos études et vos engagements jusqu’à la présidence du SNJMG ?

Bertrand Blaes : J’ai terminé mon internat à Créteil il y a six mois et j’ai commencé à remplacer il y a deux mois. Je suis adhérent de longue date du SNJMG et j'en étais l’année dernière vice-président en charge de l’animation interne. Pendant mes études, j’ai été membre d’une association locale de solidarité de ma fac puis de Medsi (mobilisation étudiante pour le développement d’une solidarité internationale), association qui avait pour but d’entretenir une réflexion critique en santé. J’ai également participé au collectif de la Troupe du Rire, et je suis membre d’un conseil d’administration de Prescrire.

Vous êtes un médecin engagé de longue date, pourquoi ?

B. B. A mon sens, la seule façon de s’adapter à une réalité qui n’est pas satisfaisante, c’est de s’engager pour la changer. C’est donc ce que j'essaie de faire depuis un moment.

Quelles vont être vos priorités avec le SNJMG ?

B. B. Nous avons choisi cinq axes sur lesquels nous allons consacrer nos efforts et nos actions dans les prochains mois. Le premier est l’accès aux droits des personnes étrangères et précaires. Un amendement du PLFSS actuellement soumis au Parlement va notamment rendre plus difficile encore l’accès à l'aide médicale d'État et restreindre le panier de soins. Cela nous paraît très dangereux pour les patients mais aussi pour les infrastructures de soins comme les Pass et les urgences qui sont en première ligne pour l’accueil et le soin de ces personnes.

Nous travaillerons aussi sur les discriminations en santé : le sexisme, la grossophobie, la psychophobie… Sur ces sujets, nous avons envie notamment de collaborer avec des associations de patients. Nous nous pencherons également sur question du numérique en santé : comment les patients et les soignants se réapproprient ces outils-là et ne les laissent pas aux mains des entrepreneurs, des instances gouvernementales seulement. La question de l’indépendance en médecine reste aussi centrale et prioritaire à nos yeux. Nous souhaitons faire en sorte que la charte adoptée sur ce sujet par les doyens de médecine soit appliquée. Nous nous intéressons aussi aux risques psychosociaux chez les soignants. Et nous voulons vraiment analyser les facteurs de risques psychosociaux systémiques. Il ne s’agit pas de proposer des ateliers yoga bien-être et méditation mais de regarder dans l’organisation du travail ce qui fait souffrir les professionnels.

Vos priorités sont très centrées sur les patients alors qu'on reproche souvent aux syndicats de médecins de trop défendre leurs intérêts…

B. B. Nous défendons une certaine pratique de la santé avant de défendre nos seuls intérêts professionnels. Nous ne sommes pas un syndicat corporatiste, c’est pourquoi nous avons une certaine appétence pour le travail aux côtés des patients, pour des thématiques qui dépassent les seules conditions d’exercice des professionnels.

Pour autant, votre syndicat soutient plusieurs mouvements sociaux, comme la grève des hospitaliers et celles des internes. Pourquoi ?

B. B. De façon générale, nous avons envie de soutenir toutes les mobilisations sociales et d’en être car elles permettent de créer un rapport de forces. Cela permet aux différents acteurs qui échangent avec le ministère et les agences d’avoir plus de poids dans les décisions. Il est donc dans l'intérêt de tout le monde qu’il y ait des mobilisations. Nous ne voulons pas défendre le seul intérêt financier des internes. Faire respecter le repos de sécurité, le temps de travail est aussi important pour les patients. C’est sur ces sujets que nous avons envie de travailler car cela contribue à l’amélioration de la qualité des soins au même titre que le renforcement des effectifs hospitaliers.


Source : lequotidiendumedecin.fr