Le 11 août dernier, les Conseils nationaux des Ordres des médecins et des infirmiers n’ont pas hésité à publier un communiqué commun pour « condamner fermement la constitution d’annuaires de professionnels de santé communautaires ». L’emballement médiatique autour de « l’affaire Globule noir » a sans doute amené l’Ordre des médecins à réagir, mais l’institution était attentive à ce sujet « depuis un moment ». Dans son communiqué, les Ordres expliquent qu’ils ne peuvent accepter que la santé « soit soumise aux sirènes du communautarisme et de la division ». « Nous pensons que c’est une mauvaise réponse à de vrais problèmes. C’est une fracturation supplémentaire de la société française. Ce sont des procédés qui, s’ils étaient encouragés, aboutiraient à l’opposé de ce qui est souhaitable, c’est-à-dire une meilleure acculturation de la communauté médicale à l’ensemble des problèmes de santé, avec des spécificités », explicite le Dr Jean-Marcel Mourgues, vice-président du Cnom. L’Ordre s’appuie sur l’article 7 du code de déontologie médicale, qui stipule que les médecins doivent soigner tout le monde et défend la « dimension universaliste du soin qui consacre l’humanisme médical et le pacte républicain », souligne le Dr Mourgues.
Porter plainte Certains reprochent au Cnom d’être dans le déni face aux discriminations en santé. « Nous ne nions pas les difficultés qu’il peut y avoir dans l’accès aux soins dans certaines situations et nous condamnons sans aucune équivoque la discrimination dans les actes de soin. » Cependant, plutôt que de recourir à ces listes, l’Ordre des médecins appelle les patients à faire appel aux voies légales. « Lorsqu’il y a une discrimination évidente, il faut la signaler et user des voies de droit possible, notamment la sanction disciplinaire par l’Ordre. Mais les réseaux sociaux ne sont pas un tribunal populaire qui remplace les juridictions criminelles et pénales. » À ce jour, l’Ordre assure avoir « très peu de remontées d’affaires de discrimination ». « Peut-être y a-t-il une méconnaissance des procédures ou une pudeur à faire cette démarche », avance le Dr Mourgues. Au-delà des sanctions et condamnations, l’Ordre reconnaît qu’un travail de fond doit être engagé sur la question. « Il s’agirait d’un aveu d’échec de l’Ordre si tous les moyens avaient été donnés à éviter cette discrimination. Or, cela n’a pas été le cas. Il faut lister les problèmes, condamner les discriminations et trouver des pistes d’amélioration. »
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