Sécurité des médecins

Flambée des violences contre les médecins en 2022, en hausse de 23 %

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Publié le 23/05/2023
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Le 20e Observatoire de la sécurité des médecins du Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) montre une augmentation significative des incidents déclarés en 2022, avec près de trois quarts des signalements émanant de médecins généralistes.

Crédit photo : GARO/PHANIE

En 20 ans d’existence, l’Observatoire de la sécurité des médecins n’avait jamais rapporté de chiffres aussi haut. Ce rapport réalisé par le Conseil national de l’Ordre des médecins (Cnom) et Ipsos recense chaque année le nombre déclaré d’incidents et d’incivilités à l’encontre des médecins. Alors que l’agression et le décès d’une infirmière au CHU de Reims vient tristement rappeler que la question de la sécurité des soignants est plus que jamais d’actualité, les résultats de l’observatoire en sont également l’illustration.

En 2022, 1 244 incidents ont été déclarés soit le chiffre le plus haut depuis la naissance de l’observatoire en 2003 (voir graphique) et une hausse de 23 % par rapport à 2021. Et pourtant comme le signale une nouvelle fois l’Ordre cette année, « le Cnom est conscient d’une sous-déclaration notable des violences dont les médecins sont victimes, notamment de ceux exerçant dans les établissements de soins publics et privés ».

En effet dans l’Observatoire du Cnom, 73 % des incidents déclarés ont eu lieu dans le cadre d’un exercice de médecine de ville et seulement 23 % dans le cadre d’une activité en établissement de soins. Mais en janvier dernier, dans le cadre de son plan d’actions sur les violences contre les soignants, Agnès Firmin Le Bodo a lancé la nouvelle plateforme de signalements de l’Observatoire national des violences en milieu de santé (ONVS), celle-ci a été refondue et est désormais aussi accessible aux professionnels libéraux.

Trois quarts de médecins généralistes

Comme chaque année, la majorité des médecins déclarants sont des généralistes, mais cette année particulièrement, ils représentent 71 % des médecins victimes (contre 61 % en 2021) alors qu’ils ne constituent que 43 % du corps médical en activité. Les autres spécialités les plus touchées après les généralistes sont les psychiatres (4 % des signalements), les cardiologues (3 %), puis les gynécologues, ophtalmologues et médecins du travail (2 %). 56 % des victimes sont des femmes (53 % en 2021). Et 62 % disposent d’un secrétariat (65 % en 2021).

Du côté de la répartition géographique de ces incidents, le trio de tête régional est le même que l’année dernière. C’est dans les Hauts-de-France (233 déclarations d’incidents) qu’on recense le plus d’incivilités, viennent ensuite l’Île-de-France (176) et la région Auvergne Rhône-Alpes (139). Comme en 2021, c’est le département du Nord qui compte le plus d’incidents et assez largement avec 191 déclarations, contre 98 pour le département qui arrive en 2e position, les Bouches-du-Rhône.

En 2022, 56 % des incidents signalés avaient eu lieu en milieu urbain en centre-ville (contre 51 % en 2021), 21 % en milieu rural et 19 % en milieu urbain en banlieue.

Des agressions verbales et menaces essentiellement

Dans 88 % des cas, la victime de l’incident est le médecin lui-même et l’agresseur est majoritairement le patient (58 % des cas) ou une personne accompagnatrice (18 %).

Concernant la nature des incidents, les atteintes aux personnes continuent de constituer l’essentiel des agressions (80 % en 2022) par rapport aux atteintes aux biens (20 %). Par ailleurs, alors que les vols ou tentatives de vols continuent régulièrement de baisser en proportion depuis 2017 et représentent 10 % des déclarations, les agressions verbales et menaces elles continuent d’augmenter en proportion pour s’établir à 73 % des signalements en 2022. Les agressions physiques sont en légère baisse par rapport à 2021 (7 % contre 9 %)

Si les motifs d’incident principaux restent les mêmes que l’année dernière, certains sont plus fréquents. Ainsi les reproches relatifs à la prise en charge demeurent le déclencheur premier des incidents. Ils sont toujours le motif d’un tiers des incivilités (33 %) même si cette proportion diminue (37 % en 2021). Les refus de prescriptions augmentent (20 % contre 17 %) tout comme un temps d’attente jugé excessif (10 % contre 8 %), tandis que la falsification de document (11 %) ou le vol (9 %) restent stables.

Des propositions à la fin du mois

Malgré cette augmentation globale des violences, les médecins sont toujours aussi peu nombreux à porter plainte. D’après les chiffres de l’observatoire, sur les 1 244 déclarations d’incidents, 31 % seulement donnent lieu à une plainte de la part des médecins. « L’Ordre des médecins est présent pour accompagner les médecins dans les démarches contre ces violences. Nos missions sont de rappeler et d’interpeller les Pouvoirs publics dans leur rôle de protection des soignants et d’accompagner les médecins dans leurs démarches après la commission de ces violences », souligne le Cnom dans un communiqué.

Le 16 février dernier, Agnès Firmin Le Bodo a lancé une concertation sur la sécurité des soignants. Nathalie Nion et le Dr Jean-Christophe Masseron sont chargés de faire des propositions. Lors de son intervention à SantExpo, la ministre déléguée aux professionnels de santé a indiqué que la mission lui rendrait ses conclusions d’ici la fin du mois de mai. « 450 propositions ont été faites pendant la mission », a-t-elle indiqué.


Source : lequotidiendumedecin.fr