Comment formuler une réclamation de cotisation foncière des entreprises (2/2)

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Publié le 12/11/2024
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Notre précédent article présentait tous les cas d’exonération de CFE. Il exposait aussi les nombreuses situations dans lesquelles une contestation est possible : SCM, SISA, collaborateurs, remplaçants, réductions, dégrèvements, etc. Car cet impôt professionnel local constitue un véritable maquis juridico-fiscal.

La démarche, gratuite, se fait par voie dématérialisée ou par lettre recommandée avec avis de réception

La démarche, gratuite, se fait par voie dématérialisée ou par lettre recommandée avec avis de réception
Crédit photo : BURGER / PHANIE

Pour sécuriser votre réclamation, faites-vous aider par le fisc

Contester une CFE de médecin libéral, de SCM ou de SISA, ne s'improvise pas. Elle doit d’abord être fondée. Notre conseil : pour augmenter vos chances de succès, commencez par vous faire aider par le fisc en le questionnant avant toute réclamation, sur le bien-fondé de votre interrogation. Pour cela, utilisez la voie idéale : la messagerie sécurisée de votre espace professionnel sur le site impots.gouv.fr. Votre réclamation amiable qui suivra gagnera alors en visibilité dès lors que vous connaîtrez l’argumentaire du fisc si celui-ci dessert vos intérêts. Enfin, comme toute réponse écrite l’engage, vous obtiendrez bien plus vite satisfaction que si vous aviez utilisé le mode classique de réclamation par courrier recommandé. C’est le fisc qui peut vous accorder un dégrèvement dès ce stade.

Le formalisme de la réclamation

Une fois connue la position du fisc sur votre interrogation au sujet de votre CFE, de trois choses l’une :
● sa réponse rapide semble indiscutablement fondée et, qu’elle soit positive ou négative, votre problème est évacué ;
● sa réponse est négative, elle laisse alors la place à une contre-argumentation cette fois plus ciblée, et vous procéderez donc par voie de réclamation amiable ;
● vous n’obtenez aucune réponse dans des délais acceptables.

Dans ce cas, rédigez une réclamation rigoureusement argumentée d’emblée pour au moins trois raisons :
1/ La jurisprudence relative aux médecins est en règle gé­nérale mal connue des services des impôts des entreprises (SIE).
2/ D'autant – et ceci vise spécialement les SCM de médecins (ou les SISA), les collaborateurs libéraux et les remplaçants – que les réclamations portent, comparativement à celles émises par les millions d’entreprises moyennes ou grandes, sur des montants "modestes" (en général, quelques centaines d’euros) même si cela ne vous apparaît pas, à vous, modeste.
3/ Un formalisme strict à tous les stades de la procédure est signe de professionnalisme : votre réclamation sera prise en compte et ne finira pas au fond de la pile.

Modalités – La démarche est gratuite. En dehors de l’unique cas de réduction par plafonnement de la valeur ajoutée (devenu rarissime) qui doit s’effectuer avec un formulaire spécial, votre réclamation amiable est à rédiger au choix :
● par voie dématérialisée à l’adresse de référence de votre SIE par la messagerie sécurisée d’impots.gouv.fr ;
● sur pa­pier li­bre, à expédier en recommandé avec avis de réception.

Délais de réclamation amiable – En matière de CFE concernant l’année N, la forclusion (date de déchéance de votre droit de réclamation) est fixée au 31 décembre de l’année N+1. Ainsi, passé le 31 décembre 2024, toute tenta­tive de réclamation concernant votre CFE 2023 est vouée à l'échec. Mais en cas de CFE 2024 non due, autant réagir le plus vite possible par voie de messagerie, et donc dès maintenant, et a fortiori avant sa date de paiement, le 15 décembre 2024, pour obtenir un dégrèvement immédiat.

Le fisc dispose d'un dé­lai de six mois pour vous répondre

 

Devez-vous régler votre CFE avant de réclamer ?

Ou au contraire ré­clamer sans régler et attendre la ré­ponse du fisc pour ne payer que si elle est néga­tive ? Attention, cette option impose d’avoir formulé clairement un sursis de paiement (voir infra). Notre conseil : si vous êtes sûr de votre bon droit, vous attendrez la réponse du fisc avant de régler car votre opposition por­te alors sur des éléments peu sujets à discussion.

La demande sursis à paiement – Sinon, il est indispensable de conclure votre réclamation par cette formule : « Par application de l’article L 277 du LPF, je sollicite l’octroi du sursis à paiement du principal de la (ou des) cotisation(s) contestée(s) (ou de la quote-part d’impôt contesté) ». Faute de quoi, le fisc est en droit d'exiger le paiement de majo­rations de retard dès que votre paiement intervient hors délai, ce qui sera toujours le cas en cas de rejet de votre réclamation. Notez qu’en procédant par voie dématérialisée, via l’outil du site impots.gouv.fr, cette formule de demande de sursis à paiement est automatiquement intégrée à votre demande par le fisc lui-même.

Les garanties – Si votre CFE contestée dépasse 4 500 euros, le fisc est en droit de vous demander d’apporter des garanties financières (caution) sur les sommes en jeu en attendant que le sort de votre réclamation soit fixé.

Le sort de votre réclamation

Le fisc dispose d'un dé­lai de six mois pour vous répondre. Passé ce délai, son absence de réponse vaut refus tacite. Il vous est alors possible de déposer autant de nouvelles réclamations amiables au même motif ou pour un motif complémen­taire jusqu'à la date de forclusion (voir supra), dès lors que vos réclamations sont correctement étayées. En pratique, le fisc répond dans des délais bien plus brefs, et tout rejet de réclamation est dûment motivé. Si les motifs ainsi fournis par le fisc vous apparaissent erronés, vous pouvez soit engager une nouvelle réclamation amiable dûment fondée et obtenir gain de cause, soit porter d’emblée votre différend devant le tribunal adminis­tratif de votre secteur en déposant une réclamation contentieuse. La procédure est gratuite et les délais de traitement, très longs, se comptent en années.

Un avis, une question – Contactez-nous via blog.media-sante.com


Source : Le Quotidien du Médecin