Jeudi, le Conseil national de l’Ordre des médecins (CNOM) a annoncé qu’il mettait un terme à « la situation dérogatoire du droit au titre d'homéopathe », cette décision n'étant pas rétroactive pour les médecins homéopathes déjà titrés. Attendue de longue date, cette décision ne convient ni aux anti « fake med », ni aux défenseurs de l'homéopathie.
Sur Twitter, le Dr Jérémy Descoux, président du collectif Fakemed a ainsi regretté que les médecins en exercice puissent toujours faire mention du titre d'homéopathe :
Parce qu'il est bien entendu qu'un jeune médecin qui fait de l'homéopathie est inacceptable.
— Jérémy Descoux - Asclépios (@Ascl_Pios) October 3, 2019
Tandis qu'un vieux médecin, ca ne pose aucun problème.
La bonne logique bien corporatiste... https://t.co/xCpEAMJvyr
Le Dr Jérôme Marty, président de l'UFML-S, s'en est quant à lui pris à la prudence de l'Ordre :
Pour @ordre_medecins l’homéopathie c’est pas d’la medecine mais ça peut en être , mais pas toujours , et moins que si ça en etait plus, ou plus, ou l’inverse mais pas toujours, enfin, ça dépend...
— DrMartyUFML-S (@Drmartyufml) October 3, 2019
Bref une certaine hyperdilution du courage à statuer...https://t.co/55kdfb0JFy
« Une décision abrupte », estime le SNMHF
Contacté par Le Généraliste, le Dr Charles Bentz, président du Syndicat national des médecins homéopathes français (SNMHF) s’est lui dit « étonné de cette décision abrupte et rapide » et s'est plaint de ne pas avoir été reçu par le président de l'Ordre, le Dr Patrick Bouet, malgré une demande par courrier signée par plusieurs organisations, dont le SNMHF. « Peut-être sera-t-on reçu une fois la décision prise, comme cela s'est passé avec Agnès Buzyn cet été (la ministre avait reçu les défenseurs de l'homéopathie au lendemain de l'annonce du déremboursement des produits homéopathiques, ndlr) ».
Pour le Dr Bentz, le maintien du droit au titre est nécessaire afin que « les patients sachent à qui ils ont affaire lorsqu’ils vont voir un médecin qui prescrit de l’homéopathie ». Le fait que les jeunes générations de médecins ne puissent plus faire état officiellement de leur diplôme fait courir le risque que l’homéopathie « passe aux mains de non-médecins », ajoute le président du SNMHF. « Notre préoccupation première est la défense d’une homéopathie pratiquée par des personnes qui sont avant tout médecins, avant d’être prescripteurs d’homéopathie. »
Un stage favorable aux homéopathes
Enfin, le Dr Bentz estime que la décision de l'Ordre ne correspond pas à la position de la majorité des médecins. Le praticien s'appuie ainsi sur une enquête menée auprès d’un échantillon national représentatif de 302 médecins généralistes libéraux réalisée par l’Institut Imago Research, dont les résultats devraient être publiés dans les jours qui viennent.
Selon le Dr Bentz, cette enquête révèle que 61 % des médecins interrogés sont favorables au maintien du droit au titre en homéopathie et que 84 % des praticiens sondés sont « tout à fait » ou « plutôt d’accord » avec l’affirmation suivante : « il est fondamental que les patients puissent choisir leur médecin en toute connaissance de cause, et notamment savoir si un médecin est ou non formé en homéopathie ».
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