BNC 2022 : - 7 % pour les généralistes, revenus en baisse pour la majorité des médecins libéraux

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Publié le 21/07/2023
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Crédit photo : Phanie

Après une progression forte et générale des revenus des médecins libéraux en 2021, l'année 2022 est plutôt un mauvais cru. Selon les chiffres de l'Union nationale des associations de gestion agréées (Unasa) que « Le Quotidien » a pu consulter en exclusivité, la baisse des bénéfices nets comptables (BNC) touche la quasi-totalité des professions médicales libérales étudiées (27 sur 34), malgré la relance de l'activité qui reste très hétérogène selon les disciplines.

Charges lourdes

Pour les généralistes, c'est la douche froide. L'embellie constatée en 2021 (+ 9 %) ne s'est pas confirmée. Leur revenu avant impôt connaît un fort recul : - 7 %. Cette mauvaise tendance s'explique principalement par une hausse des charges due en partie au rattrapage des mesures d'aides du gouvernement en 2021 (report de paiement pour certaines cotisations sociales par exemple…) et à l'inflation sur un nombre de postes de charges externes (énergie, fournitures).

Selon Béchir Chebbah, président de l'Unasa, « les impôts et taxes sont passés par exemple de 4,2 % en 2021 à 5 % en 2022. L'inflation à 5 % a impacté les frais externes du cabinet ». Or cette hausse n'est pas compensée par l'effet volume. L'activité des généralistes reste stagnante en 2022 (- 0,6 %). « J'ai l'impression qu'on a atteint une sorte de plafond d'activité. Un médecin qui travaille déjà plus de 12 heures par jour ne peut pas exercer 14 heures », commente Béchir Chebbah. Conséquence : un praticien a converti en moyenne 55,7 % de ses honoraires en résultat net en 2022 contre 59,2 % en 2021, soit une perte de près de 3,5 points.

Chez les médecins généralistes remplaçants, le phénomène est presque identique. Certes, leur activité connaît une progression importante en 2022 (+ 3,8 % de recettes) mais leur revenu est en recul de 3 % par rapport à 2021. Ici, le poids des charges plombe les bénéfices. Au final, les revenus des généralistes s'élèvent à 90 141 euros contre 96 333 euros en 2021 et ceux des remplaçants sont de 62 774 euros contre 66 099 euros.

Du côté des spécialistes, hors médecine générale, la majorité des disciplines affichent des recettes en croissance, sauf six d'entre elles (angiologie, gynécologie médicale, gynécologie obstétrique, médecin acupuncteur, neuropsychiatrie, stomatologie). Mais cette progression ne se traduit pas non plus au niveau du bénéfice pour les mêmes raisons que pour les généralistes (hausse des charges). Ce recul des revenus est par exemple important pour les allergologues (-9,8 %), les rhumatologues (-9,2 %), les dermatologues (- 6,5 %), les ORL (- 6,3 %) ou encore les cardiologues (- 5,2 %). « Il y a une reprise de l'activité pour les spécialistes mais les charges sont élevées, d'où une évolution négative des revenus par rapport à 2021 », analyse Béchir Chebbah.

Perte du pouvoir d'achat

« Les médecins libéraux ont perdu du pouvoir d'achat en 2022 que cela soit en médecine générale ou pour les autres spécialités », ajoute l'expert. Et les revalorisations tarifaires actées dans l'avenant 9 (visites longues et nouvelles consultations complexes pour les généralistes, bonus sur l'avis ponctuel de consultations, majorations pour certaines spécialités cliniques…) n'ont pas suffi pour compenser le coût de la vie.

Pour 2023, les perspectives pourraient-elles être meilleures ? Possible mais avec quelques bémols. « En termes de charges, on devrait probablement retrouver le niveau de 2019. Mais tout va dépendre du maintien d'une activité soutenue ou pas », explique Béchir Chebbah. Puis à cet effet de volume, la revalorisation de 1,50 euro de la consultation actée dans le règlement arbitral entrant en vigueur en novembre 2023 sera peut-être suffisante pour compenser l'inflation qui se poursuit. « Cela paraît insuffisant pour rattraper le niveau de l'inflation qui est de 10 points sur 2021 et 2022, prévient le président de l'Unasa. Le coup de pouce devrait être au moins de 2,50 euros ». Lors des négociations conventionnelles, qui ont échoué en février dernier, les syndicats de médecins libéraux avaient réclamé, en vain, une hausse du C à hauteur de 30 euros voire de 50 euros.


Source : lequotidiendumedecin.fr