C'est un panorama sombre et exhaustif qui apporte de l'eau au moulin des syndicats médicaux, à quelques jours de la reprise des négociations conventionnelles. Selon la Carmf, qui a dévoilé ce mardi les revenus nets imposables déclarés par l'ensemble des praticiens libéraux tous secteurs d'exercice (lire tableau détaillé au bas de l'article), les BNC 2022 sont en baisse moyenne de 3,89 % par rapport à 2021, sur la foi de 102 270 déclarations enregistrées. Pire, compte tenu de l’inflation 2022 (autour de 5 %), la perte de pouvoir d’achat atteint « 8,66 % », précise la Carmf. De quoi alimenter les revendications de la profession qui ne manque pas de souligner l'érosion de son pouvoir d'achat, symétriquement à la hausse des charges et au gel des tarifs.
Ce mauvais cru n'est pas une surprise. Après une progression générale des revenus en 2021, les chiffres partiels de l'Union nationale des associations de gestion agréées (Unasa) – que Le Quotidien avait dévoilé cet été en exclusivité – annonçaient déjà clairement la baisse des BNC 2022, encore plus marquée chez les omnipraticiens.
Le bouillon pour les généralistes
Et de fait, l'analyse fine des BNC traduit des évolutions variables. Les revenus des 58 300 généralistes baissent plus fortement (-5,72 %) que ceux des 43 900 spécialistes (-2,65 %). « Dans le détail, les revenus des généralistes de secteur 1 enregistrent même la plus forte baisse observée (-5,68 %) depuis que la Carmf réalise ces statistiques, soit une vingtaine d’années », insiste la caisse de retraite, à l'heure où plusieurs centaines de généralistes sont déjà entrés dans une guérilla tarifaire autour du C à 30 euros.
Du côté des spés, le repli des BNC concerne aussi bien les praticiens de secteur 1 (-2,93 %) que ceux de secteur 2 (-2,17 %), mais de façon moins marquée qu’en 2020, année du Covid où les chutes moyennes de résultat se situaient autour des 8 %…
Cliniciens qui chutent, spécialités « financiarisées » qui grimpent !
Les baisses de revenus les plus significatives se retrouvent chez les cancérologues (-7,11 % tous secteurs), les gynécologues médicaux (-6,56 %), les obstétriciens (-6,37 %) mais aussi les médecins rééducateurs (-6,8 %) et les stomatologues (-10 %) – mais sur des effectifs réduits donc exposés à des variations plus marquées.
À l’inverse, parmi les rares hausses des spécialités à effectif représentatif, on trouve la biologie médicale (+10,39 %), l’anatomie cytologie pathologique (+7,75 %) et la radiologie (+1,95 %). Un gros bataillon de spécialités cliniques, déjà au bas de l'échelle des rémunérations, affichent des revenus en repli plus ou moins marqué (-0,9 % pour les psychiatres et les pédiatres, -3 % pour les rhumatologues, -5% pour les dermatologues et même -5,7 % pour les pneumologues…).
Le Dr Thierry Lardenois, président de la Carmf, « déplore la baisse des revenus dans un contexte de raréfaction de l’offre de soins ». Le généraliste, lui-même en secteur 1 à Angevillers (Moselle), remarque par ailleurs que « la seule progression des revenus est constatée dans des spécialités à forte tendance à la financiarisation », comme la biologie, la radiologie ou l'anapath. Un message fort avant les négos ?
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