Avant le coup d’envoi, vendredi 13 octobre, de la grève « illimitée » des libéraux, le collectif Comeli M’Py (collectif pour une médecine libre et Indépendante) a réuni mercredi soir les médecins libéraux à Toulouse avec le soutien de l’UFML-Syndicat.
La soirée organisée dans les locaux de l’URPS a rapidement pris la forme d’une veillée d’armes, en présence du Dr Jérôme Marty, généraliste et président de l’UFML-S et du Dr Philippe Cuq, chirurgien et coprésident d’AvenirSpé - Le-Bloc. « Nous sommes ici pour nous rencontrer et nous mobiliser, dans un contexte d’épuisement et de grande inquiétude pour notre profession », a cadré la Dr Gabrielle Hengy, jeune généraliste installée à Limogne-en-Quercy (Lot) et membre de Comeli M’Py. Et de rappeler l’échec des négociations conventionnelles, la revalorisation de 1,5 euro vécue comme une « insulte » et les médecins libéraux « boucs émissaires de la défaillance » du système de santé.
Dépassements exceptionnels... répétés
« C’est dans ce contexte que Comeli M’Py a été créée », a souligné le Dr Gabriel Bajenaru, généraliste à Tournefeuille, en proche banlieue toulousaine. À la veille de la grève, ce dernier a insisté sur les points d’achoppement de la proposition de loi Valletoux (permanence des soins, réorganisation territoriale, etc.). D'où la volonté de monter d'un cran dans la contestation, de façon collective. « Désormais en Haute-Garonne, 120 médecins pratiquent des dépassements exceptionnels de cinq euros. Nous savons très bien que ce n’est pas suffisant pour compenser l’inflation, mais cela nous permet de maintenir nos cabinets à flot. »
Dans l’assistance toutefois, plusieurs jeunes médecins restent sceptiques. « Qu’est-ce que je risque auprès de la Sécurité sociale ? », interpelle l’un d’eux. Pas grand-chose, assurent les membres de la Comeli, déterminés. « L’idée, ce n’est pas de faire des dépassements en douce, au contraire, j’ai déjà été interpellée sur le sujet et je leur explique que c’est justement pour être vus ! , assume la Dr Patricia Saint Guily, généraliste à Toulouse. J’explique toujours le pourquoi de ce dépassement et je ne l’applique pas aux patients précaires ». Pas suffisant pour convaincre une de ses jeunes consœurs, qui a vissé sa plaque il y a juste un an à Toulouse. « Pratiquer le DE ? C’est impensable pour moi car cela va à l’encontre des principes pour lesquels je suis devenue médecin. Pourtant financièrement c’est très tendu », reconnaît la jeune femme « pas prête à franchir le pas ».
Déconventionnement collectif, seule arme ?
Pour le Dr Jérôme Marty, la contestation tarifaire avec le DE est certes une étape, mais pas du tout suffisante. « Avec cette action, les choses vont durer des mois et le gouvernement ne bougera pas », s'impatiente le généraliste de Fronton. « Maintenant il faut agir vite, c’est pourquoi la grève du 13 octobre doit être massive et durer, afin de rouvrir les négociations au plus vite. Enfin, la troisième et seule action efficace est le déconventionnement collectif », a-t-il martelé. Le syndicat dit avoir reçu à ce jour 2 818 lettres de promesses de déconventionnement et vise les 10 000 courriers d'engagement. « C’est le seuil qui nous permettra de négocier. »
La grève fera office de test et, selon les Toulousains, elle promet d’être très suivie aussi dans les cliniques de l’agglomération. Au nom de ses confrères chirurgiens, le Dr Cuq l'affirme : « Nous sommes tous partants ».
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