Rentrée tonique et même sous le signe du combat tarifaire pour MG France. Alors que le premier syndicat de médecins généralistes doit rencontrer, la semaine prochaine, le nouveau ministre de la Santé, sa présidente, la Dr Agnès Giannotti, a posé fermement ses conditions avant toute reprise des négociations conventionnelles.
Critiquant directement Bercy qui prône une logique « économique » avec des propositions « inégalitaires » comme les franchises médicales, la généraliste parisienne a exhorté ce jeudi Aurélien Rousseau à prendre « des mesures efficaces pour garantir l'accès aux soins », assurer un « choc d'attractivité pour la médecine générale traitante », tout en permettant la soutenabilité financière du système.
Double langage
Ce signal fort devra impérativement figurer dans la lettre de cadrage ministérielle pour relancer les négos conventionnelles qui ont échoué en février. MG France espère y trouver « des perspectives » pour les médecins généralistes traitants, tout en répondant aux enjeux du vieillissement et des maladies chroniques, priorité du syndicat.
Ce choc d'attractivité doit permettre à la fois aux jeunes de s'installer et aux préretraités de ne pas déplaquer de façon prématurée. « Toute l'année dernière, on a eu un double langage, pointe la Dr Giannotti. Entre contraintes, contrôles, non revalorisation de l'activité, comment voulez-vous que les jeunes aient envie de devenir généralistes traitants ? ». Pour preuve, illustre la généraliste, « le major aux ECN voulait choisir la médecine générale mais en raison du contexte, il a renoncé. Il faut arrêter le bashing, le mépris affiché. Pour dégoûter les jeunes, on a fait tout ce qu'il fallait ».
Pas d'appel à la fronde tarifaire
Comment inverser la tendance ? La revalorisation des actes est une condition sine qua non. À l'unisson avec les autres syndicats, MG France réclame une hausse du tarif de la consultation de référence à 30 euros, contre 25 euros actuellement (et 26,50 euros le 1er novembre déjà actés dans le règlement arbitral). « Nous devrions être déjà au 1er novembre à 30 euros pour juguler l'inflation et maintenir l'activité », recadre la généraliste.
Pour autant, pas question pour MG France d'appeler ses troupes à s'engager dans la guérilla tarifaire, lancée et relayée par des collectifs de généralistes. « On ne souhaite pas pénaliser les patients mais je comprends ces médecins », ajoute-t-elle. Idem pour le mot d'ordre de grève illimitée à partir du 13 octobre lancé par plusieurs organisations de médecins libéraux (SML, UFML-S, FMF, et Avenir-spé-Le-Bloc). MG France se prononcera sur les modalités de contestation lors d'un comité directeur.
L'accord qui valait trois milliards
Pour aboutir à un accord, la syndicaliste attend du ministre « une enveloppe de grande ampleur », estimée à « trois milliards d'euros ». Cet investissement permettrait de financer non seulement la hausse du C à 30 euros (environ 1,5 milliard), la revalorisation des visites à domicile, de l'indemnité kilométrique ou encore du forfait patientèle médecin traitant (FPMT). « C'est une base de négociation, précise la Dr Giannotti. Il faut en priorité valoriser les généralistes qui prennent en charge les cas les plus lourds et complexes ».
MG France a une autre priorité assumée : l'« égalité » de revenus entre généralistes et autres spécialistes. Selon la syndicaliste, le différentiel moyen serait de 30 %. En juin, le directeur général de l'Assurance-maladie Thomas Fatôme avait manifesté sa volonté de « réduire » les écarts de revenus.
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