Alertés par des adhérents, le Syndicat des médecins libéraux (SML) et la Confédération des syndicats médicaux français (CSMF) se sont émus, jeudi, de la multiplication des cas de patients ayant apposé un sticker « TEVA, j’en veux pas » sur leur carte Vitale.
Dénonçant cet appel communautariste au boycott des médicaments du laboratoire israélien, les deux syndicats ont demandé aux pouvoirs publics d’agir. « De telles initiatives ne sont pas compatibles avec les principes de la République, affirme le SML. L’antisémitisme n’a pas sa place dans la relation entre le patient et son médecin qui lui prescrit les médicaments nécessaires sans aucune considération religieuse ou politique. »
Le syndicat présidé par le Dr Philippe Vermesch refuse toute « prise en otage » de la liberté de prescription des médecins. Soulignant que la pose de stickers sur la carte Vitale a entraîné des conflits avec leurs médecins, voire des menaces de la part de ces patients, la CSMF rappelle aussi « l’indispensable sérénité » qui doit prévaloir dans le colloque singulier. Attaché aux valeurs de laïcité, le syndicat estime que « la liberté de pensée ou de religion interdit tout prosélytisme ou toute pression politique ».
Un procès en cours
Cette affaire est au cœur d’un procès qui s’est achevé jeudi au tribunal correctionnel de Lyon. La directrice de publication du site Europalestine Olivia Zemor était assignée par l’entreprise pharmaceutique israélienne Teva pour diffamation et incitation à la discrimination économique en ayant relayé cet appel au boycott lancé par des militants de la cause palestinienne.
L’initiative s’inscrivait dans le mouvement BDS ("boycott, désinvestissement et sanctions"), une campagne mondiale de boycott économique, culturel ou scientifique d’Israël, visant à obtenir la fin de l’occupation et de la colonisation des Territoires palestiniens.
Si le président du collectif 69 de soutien palestinien, cité comme témoin, a défendu une « démarche citoyenne », l’avocat du Bureau national de vigilance contre l’antisémitisme a lui condamné « des attitudes qui nourrissent le nouvel antisémitisme ».
Un médecin de Villeurbanne a témoigné avoir refusé les cartes Vitale anti-Teva, redécorées avec les autocollants. « Je ne veux pas de la politisation du système de santé », a-t-il expliqué au tribunal. Ce praticien, qui propose une feuille de soins aux patients lui présentant une carte Vitale avec le sticker, a été filmé lors d’une consultation. Publiée sur Facebook, la vidéo titrée « Médecin juif refuse la carte Vitale » avait donné lieu à de nombreux commentaires antisémites.
Au terme de 7 heures d’audience, le procureur a requis une amende 2 000 euros à l’encontre d’Olivia Zemor. La décision des juges est attendue le 18 mai.
Ch.G. avec AFP
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