Le Grenelle contre les violences conjugales, entamé début septembre se poursuit jusqu’au 25 novembre. Et certains souhaiteraient que la question de l’alcool s’invite dans le débat. En effet deux tribunes, rendues publiques ce lundi, adressées à Agnès Buzyn et à la secrétaire d'État chargée de l'égalité entre les femmes et les hommes, Marlène Schiappa, estiment que l’alcool est « le grand absent » des discussions. Ces lettres ouvertes, écrites par des associations de patients et des addictologues, rappellent que « l’alcool est le facteur causal majeur de violences envers les femmes ».
Impliqué dans la majorité des féminicides
L'analyse des morts violentes au sein du couple survenues en 2018 et plus particulièrement des 121 féminicides, publiée par la délégation d'aide aux victimes, montre que dans 55 % des cas au moins l'un des deux, auteur ou victime, est sous l'emprise d'une substance (alcool, stupéfiants, etc.). L'alcool altère les capacités d'autocontrôle, accroît l'impulsivité, l'agressivité et diminue également les capacités de défenses des victimes, notent les signataires. Ils citent une étude qui a montré d'après les journaux tenus pendant quinze mois par des femmes ayant déjà subi des violences que le risque d'agression physique était multiplié par huit les jours où l'homme buvait et par onze le risque d'agression grave. « Chez les femmes vivant en couple avec un consommateur dépendant le risque de subir des violences est trois fois plus important que dans la population générale », explique l'un des signataires, le Pr Michel Reynaud, président du Fonds Actions Addictions.
Des mesures demandées
Les tribunes réclament donc des actions du gouvernement comme la création d'un registre des violences liées à l'alcool et aux psychotropes (avec leurs dosages systématiques) et l'analyse précise du rôle de ces consommations dans les féminicides, pour mieux cerner l'ampleur du phénomène. Les associations demandent l'application d'une obligation de soins par la justice, un plan de soutien aux proches aidants de malades alcooliques ainsi qu'une campagne nationale d'information sur les répercussions de la maladie alcoolique sur l'entourage. Les spécialistes plaident en outre pour le renforcement d'actions contre l'abus d'alcool qui ont fait leurs preuves. Par exemple, en Australie, une réduction d’une heure et trente minutes d'ouverture des bars le soir a diminué de plus d'un tiers les violences de toutes sortes, relève le Pr Laurent Bègue, expert psycho-sociologue.
(avec AFP)
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