Franc succès pour le congrès de la Fédération française des associations des médecins-conseils experts en évaluation du dommage corporel (FFAMCE). Plus de 380 participants ont fait le déplacement fin mai au Puy du Fou (Vendée), se réjouit le Dr Philippe Dallemagne, président de cette fédération. Tous les profils du secteur y étaient représentés : praticiens conseils experts dans les domaines judiciaire, d’assurance et de recours, mais aussi avocats, assureurs et sapiteurs (médecin spécialiste expert dans un domaine médico-légal donné). « Notre profession reste méconnue mais petit à petit, nous parvenons à y intéresser de nouvelles recrues, notamment à travers notre congrès », poursuit le Dr Dallemagne. Quelque 70 nouveaux médecins ont intégré la fédération depuis deux ans, rapporte le généraliste de 69 ans, qui présente son métier avec enthousiasme.
J’avais commencé médecine légale, mais en définitive, plutôt que la médecine du mort, je voulais faire la médecine du vivant
Dr Philippe Dallemagne (FFAMCE)
« Nous sommes d’abord et avant tout des médecins, attachés au code de déontologie et à notre indépendance. Dans nos missions, les avis que nous rendons sont issus d’un raisonnement médico-légal issu du recueil d’informations qui se tient lors de la réunion d’expertise », explique le praticien.
Les domaines couverts peuvent aller des contrats d’assurance-vie en cas de longue maladie, lorsque la compagnie d’assurances veut vérifier l’adéquation entre l’arrêt de travail et le contrat signé, à l’indemnisation d’une personne devenue paraplégique après un accident. « Nous rendons également des avis médico-légaux pour les tribunaux à la demande des avocats », poursuit celui qui est tombé dans le secteur très tôt dans sa carrière. C’était en 1979, se souvient le Dr Philippe Dallemagne. Le jeune généraliste venait de terminer ses études de médecine et avait inclus un module « réparation juridique et dommage corporel », parce que ces sujets le passionnaient. « J’avais aussi commencé médecine légale, mais en définitive, plutôt que la médecine du mort, je voulais faire la médecine du vivant », précise-t-il.
Rôle vital pour les victimes
Plus de 40 ans plus tard, l’omnipraticien ne regrette pas son choix de carrière. « On aborde des problématiques qu’un médecin généraliste ne verra au mieux, qu’une fois dans sa vie », explique celui qui a fait de l’expertise son activité quasi-exclusive.
Aujourd’hui, la FFAMCE compte environ 680 praticiens membres dont plus de la moitié se consacre exclusivement aux missions d’expertise. Tous jouent un rôle essentiel, chaque année, dans la réparation des préjudices pour des centaines de milliers de victimes. Le Dr Dallemagne enjoint d’ailleurs ses jeunes confrères à venir rejoindre la Fédération et à embrasser la voie de l’expertise, d’autant que la révolution de l’intelligence artificielle pourrait avoir des répercussions sur l’exercice (en matière d’analyse d’images, de diagnostic, etc). « Des progrès importants sont attendus dans l’innovation, il nous faudra donc définir la logique applicable à notre métier permettant un plus grand nombre d’usages », cadre-t-il.
Une fois installés en libéral, deux ans de formation via un DU spécifique (certificat d’aptitude à l’expertise du dommage corporel, Capedoc) seront nécessaires pour les confrères intéressés. Mais le Dr Dallemagne l’affirme haut et fort, le jeu en vaut la chandelle : « Devenir médecin-conseil expert, c’est aider les malades et les victimes à reprendre une vie normale, parfois même une nouvelle vie ». Une autre facette de l’exercice qui ne demande donc qu’à être explorée.
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