La Chambre disciplinaire de première instance des régions Provence-Alpes-Côte d’Azur et Corse de l’Ordre des médecins a annoncé le 27 juin la radiation d’un praticien niçois, considéré comme le créateur de « l’hydrotomie percutanée ».
La Chambre avait été saisie par le Conseil national de l’Ordre des médecins de différentes plaintes qui concernaient 51 médecins, exerçant dans différents départements métropolitains et d’outre-mer, et qui figuraient tous sur l’annuaire de la société internationale d’hydrotomie percutanée (SIHP).
Si le communiqué de la Chambre ne mentionne pas son nom, le créateur de ce répertoire est le généraliste niçois le Dr Bernard Guez qui se revendique comme le fondateur de la technique d’hydrotomie.
« Ce médecin est à l’origine de deux structures qui participent à la promotion de cette technique : une association et une société par actions simplifiée organisant les formations payantes destinées à différents professionnels de santé », précise le communiqué.
300 000 actes revendiqués
La technique dite de l’hydrotomie percutanée consiste principalement en l’injection d’une solution saline par voie intradermique ou sous-cutanée.
« Ce médecin présente, enseigne et pratique cette technique dont il revendique plus de 300 000 actes pour le traitement d’indications et pathologies particulièrement nombreuses et variées : acouphènes, algodystrophie, arthrose, syndrome du canal carpien, cellulite, chute de cheveux, colopathie, maladie de Crohn, douleurs de l’articulation temporo-mandibulaire, douleurs, électro-sensibilité, fibrose (post-opératoire et cicatricielle), maladies auto immunes (polyarthrite rhumatoïde, spondylarthrite ankylosante, sclérose en plaques, fibromyalgie, rectocolite hémorragique, maladie de Hashimoto, etc.), migraines, névralgie, sciatiques, pathologies allergiques, sinusite, bronchite, herpès, stress, anxiété, dépression légère et zona », détaille la Chambre disciplinaire.
Dans sa décision, elle explique que « cette technique n’est reconnue ni par la Haute Autorité de santé, ni par le Collège de la médecine générale, ni par aucune autre autorité ou société savante faisant autorité au plan scientifique », par ailleurs « les études scientifiques disponibles n'apportent nullement la démonstration de l'efficacité thérapeutique de la technique dite de l'hydrotomie percutanée ». « Les effets indésirables de cette technique ne sont pas documentés », ajoute-t-elle.
Neuf interdictions temporaires d'exercer
Même si les médecins visés par cette procédure disciplinaire étaient originaires de différentes régions, elle avait été confiée intégralement à la région Paca-Corse de l'Ordre pour éviter l'éparpillement des décisions.
Les huit audiences se sont déroulées début juin. Si le Dr Guez a donc fait l’objet d’une radiation, neuf autres médecins, ayant effectivement pratiqué la technique promue par ce dernier, ont été sanctionnés d’une interdiction temporaire d’exercer la médecine d’une durée allant de trois mois (dont deux mois avec sursis) à trois ans (dont deux ans avec sursis). Dans les autres affaires, la chambre a jugé que la pratique n’était pas caractérisée.
31 médecins ont néanmoins reçu un blâme ou un avertissement en raison de leur inscription sur l’annuaire de la SIHP.
« En effet, l’hydrotomie percutanée ne constitue ni une spécialité ni une qualification ni un titre ou un diplôme susceptible de figurer sur un annuaire. Ne reposant pas sur les données acquises de la science, elle ne peut davantage être regardée comme une information utile au public. Ainsi, une telle mention ne correspond à aucune des indications autorisées par les dispositions du code de la santé publique », explique la Chambre.
En mai, douze infirmiers et infirmières avaient déjà été sanctionnés de peines par leur Ordre national pour avoir délivré ce type de soins.
Cette décision est intervienue le jour où l’Ordre des médecins a dénoncé dans un rapport les dérives thérapeutiques de plus en plus fréquentes dans les pratiques de soins non conventionnelles et a proposé une série de mesures à mettre en place.
Les ministères de la Santé et de l'Intérieur ont également réuni cette semaine pour la première fois le nouveau comité d'appui pour l'encadrement des pratiques non conventionnelles de santé, annoncé lors des Assises de la Miviludes, qui va rassembler des autorités de santé comme l'Agence du médicament, la Miviludes ou encore le collectif No Fake Med.
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